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Enjeux et démarche

Table des matières

Enjeux

L’acoustique est un domaine souvent négligé en construction neuve comme en rénovation.

Or, celui-ci a une influence positive sur la qualité de vie et sur les relations de voisinage. Il contribue par ailleurs au bien-être physique, psychique et social de l'individu et, dans les lieux d'apprentissage ou de travail, il a un effet direct sur la concentration et les productions.

A contrario, un mauvais confort acoustique génère des effets négatifs sur la santé (nervosité, stress, insomnies, fatigue, problèmes cardiovasculaires, etc.), sur les performances au travail. De plus, les problèmes de bruit de voisinage peuvent parfois dégénérer en conflits.

L'enjeu est de taille en Région de Bruxelles-Capitale : avec la pollution atmosphérique, l'exposition au bruit est une des principales nuisances ressenties étant donné l'environnement essentiellement urbain, la mixité des fonctions par quartier ou dans un même bâtiment. En outre, le patrimoine bâti existant reste globalement en deçà des performances acoustiques moyennes admissibles.

Le confort acoustique dans les bâtiments est une matière complexe qui exige du concepteur une bonne compréhension des principes et techniques disponibles pour pouvoir développer la solution la plus adaptée pour que son projet :

  • assure un bon confort acoustique à l’intérieur des locaux ;
  • n’engendre pas de pollution acoustique vis à vis de l’extérieur.

Démarche

Pour appréhender les paramètres du confort acoustique d’un bâtiment, il faut d’abord distinguer les sources de bruit, à savoir :

  • les bruits aériens provenant de l’intérieur ou de l’extérieur du bâtiment (sons qui se propagent dans l’air) : voix, musique, voitures, avions, etc. ;
  • les bruits de choc qui naissent au contact d'un élément constitutif du bâtiment et se propagent au travers de celui-ci : personne qui marche avec des talons, chute d'outils, etc. ;
  • les bruits générés par les équipements au sein de ce bâtiment qu'ils soient situés à l'intérieur ou à l'extérieur de l'enveloppe.

Il faut noter que les voies de transmission structurelles ou aériennes doivent être considérées comme un tout. Par exemple, si je saute dans mon appartement, les voisins du dessous ressentiront un bruit de choc, tandis que les gens qui m'accompagnent entendront un bruit aérien. Souvent, une stratégie acoustique doit tenir compte de l'interaction simultanée de bruits aériens et de choc. C'est par exemple le cas du passage d'un train (son + vibration).

Et pour atteindre un niveau de confort acoustique désiré, les acousticiens ont pour habitude de distinguer :

  • la correction acoustique au sein d'un local lorsqu'on modifie la capacité d'absorption et de réflexion d'une ou de plusieurs parois en agissant sur leur texture, leur relief, leur géométrie et les matériaux de revêtement ;
  • l'isolation acoustique entre deux ou plusieurs locaux lorsqu'on met en œuvre des solutions pour limiter la transmission du bruit au travers des parois, en agissant sur la structure même de celle-ci.

La prise en compte du facteur bruit nécessite donc une démarche complète qui démarre au niveau des premières esquisses du projet (et en particulier dans le choix des options de programmation et d'implantation) jusqu'à la conception et l'exécution, et englobe aussi bien l’urbanisme et l'architecture que les techniques. Cette démarche permettra d'éviter la mise en place ultérieure d'équipements techniques ou de matériaux correcteurs souvent plus coûteux.

Un diagnostic acoustique est d'ailleurs conseillé en rénovation.  Il aide à comprendre la source de l'inconfort (sources de bruit, faiblesse de certaines parois) et les pistes pour y remédier (éloignement des sources, amélioration d'une paroi au niveau acoustique). Le recours à un acousticien est souvent souhaitable et ce, dès la phase de conception du projet.

L'élaboration du projet se fait alors d’abord en privilégiant les solutions passives, c’est-à-dire en en faisant les bons choix architecturaux et techniques pour limiter les sources et la transmission du bruit, comme :

  • éloigner le bâtiment ou les locaux calmes des sources de bruit : éviter de placer les espaces communs de circulations à proximité des chambres à coucher par exemple ;
  • orienter les sources de bruit vers des zones moins sensibles ; à contrario, les locaux demandant du calme sont par exemple orientés de préférence en intérieur d'îlot ;
  • choisir des équipements particulièrement performants et silencieux (par exemple un système de ventilation silencieux).

Si les performances attendues ne sont pas atteintes, il se poursuit en envisageant une ou des mesures d’isolation ou de correction acoustique. Dans ce cas, le choix de la solution adéquate dépendra de la nature du bruit et du confort acoustique requis dans un lieu déterminé. Le cas échéant, les zones sensibles sont protégées par la mise en œuvre d’écrans acoustiques (murs, merlons, façades aveugles, etc.) ou les sources de bruit sont confinées (caisson acoustique, sas d’entrée, locaux insonorisés, gaines d’extraction acoustiques, etc.).

Enfin, il conviendra de s’assurer de l’efficacité des dispositifs. De façon générale, la mise en œuvre de mesures d'isolation ou de correction s'avère délicate et mérite d'être soigneusement préparée et réalisée car le moindre défaut dans le dispositif peut annuler l'effet recherché. Il faudra toujours avoir à l'esprit que le bruit passe où l'air passe et que les vibrations transmises ponctuellement peuvent se propager à tous les étages d'un bâtiment ou au travers toute sa structure.

L'évaluation de solutions acoustiques se décline généralement en 3 volets hiérarchisés d'actions :

  1. à la source du bruit : agencement du bâtiment et de ses accès, choix du type de revêtement des abords pour les voies de circulation, localisation des installations techniques, choix de machines ou d'installations techniques plus silencieuses, etc. ;
  2. au niveau du ‘trajet' du bruit : agencement optimal des bâtiments et installations, mise en place de locaux techniques et caissons acoustiques, mur antibruit, etc. ;
  3. au niveau du récepteur : conception et isolation acoustique des façades, organisation interne du bâtiment (implantation des locaux – chambres / séjours, salles de réunion/bureaux- dans le bâtiment en fonction de l'orientation de la façade, des sources de bruit internes et externes, …) , concept de façade calme, etc.

Le présent dossier a pour objectif de comprendre et d'influencer les mécanismes qui régissent la production, la propagation et la réception du bruit dans le milieu bâti, mais aussi d’appréhender les moyens et techniques permettant de diminuer les nuisances sonores au sein même d’un bâtiment.