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Méthodologie de choix d'un châssis en rénovation

1. Etablir un diagnostic

Trop souvent, par manque d'information ou de diagnostic, des châssis en bon état ou facilement améliorables sont remplacés.

Ce diagnostic évalue l'état du châssis, ses caractéristiques patrimoniales,... Il s'agit également d'évaluer les performances énergétiques et de confort du châssis : est-il source d'inconfort... ?

2. Suivre l'arbre décisionnel

L'organigramme ci-dessous propose dès lors une aide au choix et une démarche à suivre lorsque des travaux sur un ou des châssis sont à prévoir.

Arbre décisionnel à suivre lorsque des travaux sur un ou des châssis sont à prévoir

Figure 25 : Arbre décisionnel à suivre lorsque des travaux sur un ou des châssis sont à prévoir, 
Source : ceraa asblSource : ceraa asbl

La conservation et amélioration du châssis est une démarche pertinente sur le plan du développement durable. Elle permet le maintien in situ du châssis et prolonge le cycle de vie de la fenêtre qui fait partie du paysage urbain. Cependant, aucune règle absolue ne permet d'établir que la conservation du châssis est dans tous les cas de figure plus intéressante que son remplacement : tout dépend des scénarios de programmation et d'intervention envisagés. En effet, le choix de l'intervention est à étudier au cas par cas, en fonction des les priorités du MO, de la performance recherchée,...

Afin de réaliser un diagnostic préalable au choix de l'intervention, le tableau ci-dessous reprend et précise chacune des questions posées dans l'organigramme.

Le châssis présente-t-il une valeur patrimoniale ?

  • Le bâtiment est-il classé ou inscrit sur la liste de sauvegarde ?
  • Le châssis se situe-t-il dans un bien à intérêt patrimonial mais non classé (zone protégée, ZICHEE, EDRLR, construction avant 1932,...)?
  • Présente-t-il une valeur historique ?
  • Le châssis est-il d'origine ?
  • Le châssis présente-t-il une valeur esthétique ? :
    • Existe-t-il des divisions particulières dans le châssis (petit-bois, ferrures,...) ?
    • Existe-t-il des formes particulières (courbes, cintres,...) ?
  • Le châssis présente-t-il une valeur technique ? :
    • Système de fermeture/ouverture particulier (gueule de loup et mouton,...) ?
    • Système de raccord ouvrant/dormant particulier (guillotine,...) ?
    • Quincailleries remarquables (crémone,...)?
  • Le châssis présente-t-il des matériaux nobles ou irremplaçables ? :

    • Chêne ancien,...
    • Vitraux
    • Verres particuliers : martelés, soufflés, glaces, ferrures,...

Si une des réponses est OUI, le châssis présente un intérêt patrimonial.

Dans quel état est le châssis ?

Effectuer un relevé des pathologies :

  • Finitions : Le châssis présente-t-il de la peinture écaillée, boursouflée,...?
  • Menuiseries: les profilés sont-ils dégradés? présentent-ils un gauchissement, de la pourriture, de la corrosion,...?
  • Vitrage : le verre a-t-il perdu de la transparence? est-il brisé ?
  • Quincailleries : les quincailleries sont-elles usées, corrodées, cassées, remplacées,...?

Si l'évaluation de l'état du châssis présente un résultat moyen, voir mauvais, il y a lieu d'intervenir, en fonction de l'inconfort éventuellement ressenti :

  • à une amélioration
  • à une réparation
  • à un remplacement

Le châssis est-il source d'inconfort ?

  • Un rayonnement froid est-il ressenti au droit de la fenêtre, plus particulièrement du vitrage?
  • Y a-t-il présence d'infiltrations d'air inconfortable au droit du châssis ?
  • Y a-t-il des problèmes de surchauffe dans le local ?
  • La présence de condensation sur le vitrage est-elle fréquente ? (dans ce cas, c'est qu'il y a un problème de ventilation et celui-ci doit être réglé avant toute intervention au niveau de l'amélioration du châssis)

Si une des réponses est OUI, le châssis existant est source d'inconfort et implique une des trois interventions suivantes :

  • à une amélioration
  • à une réparation
  • à un remplacement

Conservation et amélioration des châssis existants de cette ancienne droguerie

Figure 26 : [046] Forest, Conservation et amélioration des châssis existants de cette ancienne droguerie, 
1060 Bruxelles, G. Vilet, photo : Y. Glavie.Forest, 1060 Bruxelles, G. Vilet, © Y. Glavie.

3. Travaux préalables sur le châssis existant

L'amélioration thermique des châssis existants nécessite quelques travaux préalables à la mise en œuvre du dispositif choisi.

Il est à noter que seuls les châssis d'origine en bois (et certains châssis métalliques) permettent ces travaux !

Par exemple, lors du remplacement du vitrage d'un châssis d'origine par un double vitrage neuf, cette intervention se révèlera inutile et financièrement inintéressante si les profilés existants présentent un état de dégradation important : les bénéfices thermiques et acoustiques que pourrait apporter le double vitrage sont réduits à néant par les fuites au droit des profilés (problème d'étanchéité et d'acoustique, pertes thermiques, inconfort,...). C'est pourquoi la première intervention à apporter à un châssis ancien est de le restaurer !

Exemples :
  • Restauration des profilés
    • Révision de l'étanchéité du châssis
    • Intégration d'un joint entre dormant et ouvrant
  • Intégration de frappes supplémentaires
  • Etanchéité autour du châssis
  • Remplacement du mastic dégradé ou partiellement disparu ;
  • Remplacement des éléments endommagés par des éléments de même essence de bois, de même profilé
    • Remplacement des rejets d'eau endommagés (ce sont très souvent les plus abîmés) ;
  • Remise en état de la quincaillerie de l'élément ouvrant.

Voir dispositif ‘Restauration du châssis existant

4. Surcharge liée au poids du vitrage

La surcharge liée au poids du vitrage est à prendre en compte dans le choix d'un châssis ou d'une amélioration à apporter.

Le surpoids occasionné par le placement d'un double vitrage (à la place d'un simple vitrage) risque de provoquer des déformations du châssis dans lequel il est inséré : risque de voilage des profilés, impact sur le mécanisme d'ouverture, sur les quincailleries,... Les calculs et les déformations admissibles du châssis peuvent être calculés en suivant les prescriptions de la NIT222 et de la STS52.

  • La pose d'un survitrage sur un châssis ancien peut induire des déformations du profilé, car celui-ci n'est pas dans l'axe du châssis.
  • Par ailleurs, il est à noter qu'un double vitrage a un poids important qui aura un impact sur le profilé.

5. Remplacement du châssis

Le remplacement du châssis d'origine par un châssis neuf triple vitrage ne se justifie pas et n'est d'ailleurs pas conseillé si le bâtiment ne fait pas l'objet d'une rénovation complète en vue de le rendre énergétiquement plus performant (de basse énergie à passif).

Si le caractère esthétique et patrimonial du châssis considéré prévaut ou si des travaux importants en termes d'isolation et d'étanchéité à l'air ne sont pas prévus, cette amélioration ne se justifie pas.

Dans certains cas, le remplacement du châssis peut se faire dans le respect maximal des profilés originaux : on parle de remplacement à l'identique (châssis s'intégrant au caractère du bâtiment existant) réalisé sur base d'un relevé complet de l'existant avec récupération maximale des éléments constituant la fenêtre (quincaillerie,...). Le remplacement à l'identique implique la reproduction suivant une mise en œuvre traditionnelle des profils, assemblages, vitrages et ferrures de la fenêtre à remplacer au moyen de matériaux identiques à ceux utilisés à l'origine.

Il est à noter que le soin à apporter à la réalisation d'un châssis à l'identique implique un coût élevé.

En fonction du cas, le remplacement d'un châssis à l'identique pourra être exigée par la DMS ou l'urbanisme.

6. S'inscrire dans une démarche globale sur l'isolation et la ventilation...

Intégration de dispositifs permettant d'assurer la ventilation hygiénique du local

Il est important d'insister sur la nécessité de poser un dispositif de ventilation simultanément à l'amélioration ou au remplacement d'un châssis. Une ventilation régule la qualité de l'air de la pièce et son taux d'hygrométrie. En rénovation, si l'on installe du vitrage isolant dans un châssis existant ou si on remplace le châssis par un châssis plus performant sans isoler les murs, l'air humide condensera sur les murs froids et non isolés. Ceci peut provoquer l'apparition de taches d'humidité et de moisissures, et rendre le climat intérieur malsain.

Afin d'éviter l'apparition de ce phénomène, il est nécessaire d'assurer une bonne ventilation des locaux et l'ouverture à la vapeur d'eau des couches successives de la paroi, afin de ne pas emprisonner la moindre accumulation d'humidité dans le mur.

Il faut tenir compte du coût de la ventilation (coût en énergie, en entretien et en matériel) dans le calcul du coût des travaux et du retour sur investissement. Il faudra additionner à cela les coûts de l'isolation.

Voir dossier Concevoir un système de ventilation énergétiquement efficace, et Eviter les polluants intérieurs.

Quels dispositifs de ventilation est-il possible de mettre en place ?

Cette ventilation peut s'effectuer de différentes façons : système de ventilation mécanique contrôlée ou naturelle par insertion de grilles (de préférence acoustiques si on est situé en façade à rue) dans le châssis ou dans la façade.

  • L'insertion de grilles dans le châssis implique des sections plus importantes modifiant la lecture intérieure comme extérieure du châssis, ce qui peut poser problème par rapport à la conservation de son aspect d'origine et de sa valeur patrimoniale. Ceci signifie également la réduction de la surface éclairante de la fenêtre. Ces grilles peuvent en outre avoir un impact non négligeable sur le coefficient d'isolation thermique global de l'ensemble de la menuiserie.
  • Afin d'éviter ce problème, il est possible d'avoir recours à un système de ventilation mécanique contrôlé.

Performances hygrométriques :

  • Pour tous les châssis-types étudiés, le débit normatif de ventilation hygiénique continue installé lors de l'amélioration permet d'éviter toute condensation sur le vitrage et sur le mur extérieur.
  • Dans tous les cas, il n'y a jamais condensation sur la face intérieure du mur de façade existant car celui-ci n'est pas assez froid pour rencontrer le point de rosée de l'air et entraîner une formation de condensation superficielle.

Performance de qualité de l'air :

  • Dans la situation existante, contrairement aux idées reçues, l'infiltration n'est pas suffisante pour garantir une bonne qualité de l'air intérieur.
  • Le système de ventilation qui accompagne l'amélioration permet de conserver une quantité d'air intérieur excellente tout au long de l'occupation du local.

Isolation de l'enveloppe

Voir dossier Diminuer les pertes par transmission, et Assurer le confort thermique.

7. Confort visuel / Performances lumineuses

Il faut savoir que le facteur de transmission lumineuse d'un vitrage simple de 3 à 4 mm est supérieur à celui d'un double vitrage ou d'un double châssis (ou survitrage) ou encore d'un triple vitrage.

Pour tous les dispositifs, la valeur d'éclairement à l'intérieur sera toujours inférieure à la situation existante (châssis ancien avec simple vitrage). L'éclairement minimal conseillé pour une tâche de lecture (300 lux) est cependant assuré pendant 80% du temps d'occupation pour toutes les améliorations, hormis dans le cas de châssis à petits bois. Dans ce cas, l'éclairement minimal conseillé pour une tâche de lecture est assuré pendant 80% du temps d'occupation avec le vitrage actuel ou avec des vitrages simples, tandis qu'avec les améliorations, l'éclairement assuré pendant 80% du temps est quelque peu inférieur à cette limite. La valeur la plus basse (255 lux) reste cependant raisonnable (donnés issues de l'étude châssis).

De manière générale, les valeurs d'éclairement à l'intérieur de la pièce dépendent plus de la configuration géométrique du châssis (surface nette vitrée, forme et hauteur du vitrage) par rapport à la surface du local que du facteur de transmission lumineuse du vitrage et, de ce fait, du type d'amélioration envisagée.

Consulter également le dossier Assurer le confort visuel au moyen de la lumière naturelle.

Dernière révision le 01/01/2013