Eléments de choix durable

Synthèse des éléments de choix durable

Le tableau ci-dessous synthétise les différents éléments du choix durable au regard des solutions techniques. Pour chacun de ceux-ci, un symbole indique la pertinence relative de chacun des arguments. Dans la mesure où les éléments du choix durable alimentent la réflexion quant à la durabilité du projet, il s'agit bien d'une simple indication, qui de plus doit être interprétée dans chaque situation particulière.

Aspects techniques

Toiture à versants (pente > 5°)

Le choix d'un type de tuile dépendra entre autres de la pente des différents versants de la toiture. Bien que pour certaines tuiles un emboitement permet d'assurer une certaine cohésion entre les éléments tuiles, il n'en reste pas moins que celles-ci ne sont pas (toujours) solidarisées entre elles, bien que fixées à la structure portante (cf. recommandations du cahier spécial des charges), et la garantie d'une bonne étanchéité naît d'une cohérence entre le type de tuile et la pente de la toiture.

Toiture plate (pente < 5°)

Afin de garantir l'étanchéité de ce type de toiture, le choix se portera exclusivement sur des revêtements de type souple. Cette catégorie de couverture étant composée d'éléments (bandes ou lés) solidarisés entre eux par collage à froid, par soudage à chaud ou par fixation mécanique, elle garantit par ce principe de pose une parfaite étanchéité.

L'installation ou non d'une toiture végétale peut influencer le choix du type d'étanchéité. Certaines d'entre elles résistant plus durablement que d'autres aux racines parfois très « agressives » des végétaux.

Le poids de la toiture

Dans le cadre d'une toiture à versants, les dimensions du type de tuile choisie et le poids de celle-ci influenceront la charge devant être supportée par la charpente, aussi devra-t-elle être spécifiquement bien dimensionnée.

Dans le cadre d'une toiture plate, le recouvrement de l'étanchéité par un empierrement, une toiture verte ou des dalles sur plots engendre une surcharge qui pour certains choix peut être non négligeable. On veillera donc à dimensionner la charpente de la toiture en fonction de la charge occasionnée (toiture aménagée ou non) et à surtout garantir une bonne évacuation des eaux (pente intégrée dans la structure ou non) vers les descentes d'eau pluviale. (Voir Dossier | Réaliser des toitures vertes .)

Durée de vie de l'étanchéité

Les étanchéités souples sont soumises à de fortes variations de température qui ont tendance, sous l'effet des dilatations, etc. à accélérer leur vieillissement. Certains revêtements, comme l'EPDM, le TPO ou le PVC présentent de par la nature de leur composition ou de leur aspect une meilleure résistance à ces contraintes, et garantissent une durée de vie supérieure à 25 ans.

Ce vieillissement est particulièrement dû aux tons généralement sombres de ces types de matériau. Les membranes de type TPO ou PVC sont présentes dans les tons clairs et présentent de ce fait moins de risque de dilatation. Les membranes bitumineuses plus sensibles sont proposées dans des solutions de ton clair qui diminuent par conséquent l'effet des rayons solaires incidents sur le comportement du matériau.

Une autre solution déjà abordée consiste à recouvrir la membrane par une couche de gravier, d'un tapis végétal ou de dalles sur plot. (Voir Dossier | Réaliser des toitures vertes .)

Pour les toitures à versant, de façon générale, la stabilité dans le temps et la résistance aux agents de dégradation des revêtements métalliques sont présentés comme des arguments favorables. La rigidité des assemblages limite les problèmes de prise au vent et les risques de déplacement, par exemple : mouvement des tuiles par grands vents – sur des zones peu accessibles, …

Aspects environnementaux

Privilégier les matériaux et produits disposants d'écolabels ou d'éco-certification

En dehors des aspects techniques, aujourd'hui, de nombreux labels ou éco-certifications permettent au concepteur de choisir des matériaux plus respectueux de l'environnement et de la santé.

Prioritairement, on se tournera vers les labels officiels, dont le principal est l'écolabel européen. Il existe également des labels nationaux plus stricts et plus ambitieux que le label européen, et des labels privés.

La multiplication des labels étant source de confusion, une comparaison détaillée des critères techniques sous-jacents peut être trouvée dans le dossier Le cycle de vie de la matière : analyse, sources d'information et outil d'aide aux choix .

(Lien vers Conception – Labels )

Ecobilan des différents matériaux de la toiture

Afin d'être cohérent dans l'approche environnementale des matériaux de toiture, il importe de tenir également compte du choix des autres matériaux entrants dans la composition de la toiture, tels que la structure portante, l'isolation thermique et phonique, les membranes de diffusion (pare-vapeur) et les sous-toitures.

Pour plus d'info: ➩ Aller plus loin

Gestion de l'eau

La qualité de l'eau de pluie récupérée, que ce soit pour une utilisation à postériori ou pas, sera influencée par le type de revêtement de la toiture installé.

Aucune précautions particulières ne doivent être prises dans le cadre d'une eau de pluie récupérée depuis une toiture présentant un revêtement de type tuile terre cuite ou béton, ardoise naturelle ou artificielle. Bien qu'un traitement ne soit pas indispensable à la pérennité d'un revêtement en tuiles de bois, sachez que si celui-ci est envisagé, il est préférable de s'orienter vers des produits ayant aucun impact sur l'environnement et la santé. En d'autres termes, veillez à ce que celui-ci ne pollue pas l'eau de pluie récoltée.

Les revêtements métalliques (zinc, cuivre, plomb,…), s'ils n'ont pas fait l'objet d'un traitement de protection, peuvent se révéler néfastes pour l'environnement lors du retour des eaux de toitures dans le cycle hydrologique naturel et peu compatibles avec une récupération d'eau de pluie. Ceux-ci constituent dés lors un mauvais choix pour la gestion de l'eau sur la parcelle.

Le cuivre qui au contact des pluies acides va progressivement se déstructurer et polluer l'eau de pluie en « métaux lourds » non traités en station d'épuration collective. Idéalement, ces eaux devraient être récupérées et dépolluées avant d'être évacuées vers le sol ou les réseaux. (Filtrage naturel au travers de couches drainantes et plantations).

Pour ce qui est des revêtements pour toitures pates, nous attirons l'attention sur les revêtements bitumineux qui peuvent se révéler néfastes pour l'environnement lors du retour des eaux de toitures (infiltration / récupération), du fait du lessivage d'hydrocarbures non traités en station d'épuration collective. Idéalement, ces eaux devraient être également récupérées et dépolluées avant d'être évacuées vers le sol ou les réseaux. (Séparateur d'hydrocarbure ou filtrage naturel au travers de couches drainantes et plantations). Voir Améliorer la gestion des eaux usées sur la parcelle .

Le type de recouvrement de la toiture plate a également une incidence sur la gestion de l'eau de pluie (rétention, temporisation) et la qualité de l'eau récupérée. Pour les toitures végétales, nous vous renvoyons vers Réaliser des toitures vertes liées à la coloration de l'eau, etc.

Aspects économiques

Coûts d'investissement

Un revêtement de toiture est fait pour durer. Certains produits ont une garantie qui peut aller au-delà de 25 ans. Le coût d'investissement sera donc tout à fait relatif par rapport à cette longévité.

Les membranes étanches des toitures plates ont, sauf en cas de fortes sollicitations (conditions climatiques ou utilisation inappropriée), une durée de vie assez longue, à l'exception de la membrane bitumineuse relativement sensible aux variations de température.

Il est par ailleurs recommandé de protéger les membranes sombres soit par un recouvrement (empierrement ou tapis végétal), soit par l'application d'une peinture qui censée refléter les rayons IR qui font surchauffer la toiture.

Pour les toitures à versant, l'ardoise naturelle présente des techniques de mise en œuvre spécifiques et une faible disponibilité, qui en font un matériau onéreux et souvent délaissé au profit de l'ardoise artificielle pour les constructions «communes».

La NIT 195 du CSTC décrit la mise en œuvre correcte de couvertures en ardoise naturelle. Elle est complétée par la NIT 219 qui traite de la conception de raccords de toiture.

Pour les revêtements métalliques, bien qu'ils offrent une série d'avantages, ils comportent néanmoins des points moins favorables tels que le coût de la matière première. On retrouve en effet des métaux tels que le zinc, l'aluminium et le cuivre.

Notons que le zinc reste le matériau le plus utilisé en toiture, l'aluminium et le cuivre sont davantage exploités dans les secteurs de la rénovation ou pour des revêtements de façade.

Coûts d'entretien

De manière générale, l'état du revêtement de la toiture doit être régulièrement contrôlé. D'autant plus après des événements particuliers comme de fortes chaleurs, ou des épisodes orageux.

Des revêtements comme les tuiles et ardoises sont moins résistants aux grands vents comme peuvent l'être les revêtements métalliques. Il arrive d'ailleurs qu'une partie du revêtement en tuile ou en ardoise s'envole à cause de grands vents et qu'une légère remise en état s'impose. Néanmoins, ces réparations peuvent être très ponctuelles et parfois facilement réalisables. Un revêtement métallique aura quant à lui tendance à se corroder, ce qui a pour effet d'accélérer son vieillissement et les réparations ponctuelles sont dans ce cas-ci plus difficiles

En cas de réparation d'une membrane de toiture plate, une intervention ponctuelle peut s'effectuée, encore faut-il trouver la source du problème. Si la réparation n'est pas envisageable, un remplacement complet s'imposera par lui même.

Primes

A ce jour, il n'existe pas en Région Bruxelles-Capitale de primes à l'investissement pour des matériaux « écologiques » autres que les isolants.

Une économie grâce à la filière du réemploi / de la récupération

Démarche existant de tous temps, elle peut s'avérer être une opportunité d'un point de vue économique, tout en offrant les mêmes garanties techniques que des matériaux identiques neufs.

Pour des revêtements tel que les tuiles en terre cuite ou bétons, les ardoises naturelles ou artificielles, cette filière permet déjà de répondre à une certaine demande du marché de la construction.

Des sites internet destinés à la revente de ce type de matériau offrent un catalogue et un réseau important de revendeurs. Pour exemple en Belgique : www.opalis.be

Voir dossier| Problématique et enjeux d'une utilisation durable de la matière .

Aspects socio-culturels

Impact sur la santé

Dans le cadre d'une rénovation, on s'assurera que les matériaux existants (panneaux de toiture / panneaux de sous-toiture /…) sont « asbest-free » au travers d'un inventaire obligatoire.

Deux solutions sont à envisager avec un degré d'efficacité différent :

• Soit le démontage et l'évacuation des matériaux problématiques par des professionnels avec toutes les précautions et dispositions d'usage (combinaisons / masques / gants / déchets emballés en sac hermétiques / …) ;
• Soit le marquage des matériaux non «asbest-free» pour reconnaissance ultérieure. Cette seconde alternative est à éviter dans le secteur du logement et le remplacement des matériaux dangereux est obligatoire. Il n'occasionne, au regard de l'importance de la prise en compte des effets sur la santé, qu'un impact économique tout relatif.

Pour plus d'information, voir Dossier | Gestion des déchets de chantier .

Esthétique et prescriptions urbanistiques

Le choix des matériaux peut être contraint par un règlement communal ou régional d'urbanisme, voir un éventuel permis de lotir. Si le projet ne cadre pas avec ces prescriptions, il peut être utile pour faciliter l'acceptation d'un projet, en prenant assez tôt contact avec les autorités communales, voir régionales.

Patrimoine

Les ardoises naturelles, plus stables dans le temps, sont plus souvent utilisées dans le cadre de restaurations du patrimoine ou pour des interventions à « l'identique », bien que les ardoises naturelles ou artificielles présentent plus ou moins les mêmes caractéristiques techniques.

Arbitrage

Choix de l'étanchéité >< Réalisation d'une toiture verte

Si on s'oriente vers la réalisation d'une toiture verte, il faut veiller à ce que le choix de l'étanchéité se porte sur une membrane résistante aux racines des plantes qui viendront à se développer sur la toiture.

Choix de l'étanchéité >< Récupération des eaux de pluie

Certains revêtements de toiture n'ont aucune incidence sur la qualité de l'eau de pluie qui ruisselle jusqu'à la citerne de récupération. C'est le cas des tuiles, des ardoises et des membranes EPDM, TPO et PVC. On ne peut en dire autant pour les revêtements métalliques et les membranes bitumineuses qui peuvent respectivement libérer au passage de l'eau des métaux lourds ou des hydrocarbures qui risquent d'être libérés dans le sol sans traitement préalable et toucher in fine les nappes phréatiques.

Membrane photovoltaïque >< Toiture verte

Sachant que ce type d'installation (membrane photovoltaïque) nécessite de grandes superficies de couverture, on peut se questionner sur l'application en toiture plate d'un tel type de revêtement en zone urbaine car une des particularités du règlement régional d'urbanisme en RBC, est l'obligation d'installer une toiture végétale sur une toiture plate présentant une superficie supérieure à 100m², voir Mise en œuvre – Aspects communs à tous les dispositifs / Règlementation urbanistique et Réaliser des toitures vertes .

De plus, si on se réfère aux recommandations techniques sur l'orientation et l'angle d'inclinaison des conventionnels panneaux solaires photovoltaïques, l'efficacité de ce type d'installation peut être questionnable, voir Intégrer des systèmes de production d'électricité renouvelable .