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Mettre en place des dispositifs d'économie d'eau

Afin de limiter les puisages d'eau potable, une série de principes et de mesures d'économies d'eau peuvent être mises en place.

Conception du réseau

Dans la conception du réseau d'adduction et le choix d'accessoires permettant d'optimiser son suivi :

  • Le placement de réducteur(s) de pression si la pression du réseau est supérieure à 3 bars au niveau des points de puisage ;

    • la plupart des points de puisage (WC, robinets, pommeaux de douches, etc.) ne nécessitent que 1 à 1,5 bars en fonctionnement. Les robinets travaillent de manière optimale à 1 bar,...
    • seuls les points de puisage pour certains postes (robinets des locaux techniques pour l'entretien du bâtiment) nécessiteront une pression de 3 ou 4 bars (besoins localisés de pression). On évitera donc de mettre l'ensemble du réseau en surpression uniquement pour ces besoins.
    • on peut aussi prévoir des réducteurs de pression décentralisés à chaque étage d'un bâtiment élevé avec des vannes de sectionnement et des manomètres (facilement accessibles depuis des armoires techniques) : optimisation possible de la pression à chaque étage (en fonction de la position des plateaux desservis, la pression peut être importante aux premiers étages : éviter une pression trop importante sur les premiers étages et garantir suffisamment de pression aux derniers étages).
  • La proximité entre les points de puisage et les préparateurs d'eau chaude sanitaire ;
  • Le placement de vannes de sectionnement aux endroits stratégiques permet d'isoler certains tronçons du réseau de manière indépendante par rapport au reste du réseau. L'utilisation de vannes intermédiaires permet aussi de faciliter les interventions sur le réseau (maintenance ou réparation des fuites) en limitant la gêne des autres occupants ;
  • La mise en place de compteurs d'eau divisionnaires par type d'occupation : compteur de passage pour les appartements accessibles depuis les parties communes, compteur de passage pour les locaux techniques, etc), permettant d'identifier les consommations de chaque poste ;
  • La mise en place de dispositifs de détection de fuite et de suivi des consommations.

Choix des équipements

  • Le choix de robinets économiques et ses accessoires : limiteurs de pression, limiteurs de débit, douchettes économiques, mitigeurs thermostatiques, robinets à coupure automatique (détection de présence), etc.
  • Le choix d'équipements économes en eau d'usage courant pour un service équivalent : chasses de toilettes et d'urinoirs à rinçage économique, baignoires ergonomiques, etc.

La mesure la plus efficace en termes de réduction de l'impact environnemental lié à la consommation d'eau reste la réduction des consommations à la source, et notamment sur les locaux sanitaires (chasses des WC et des urinoirs). En effet, en réduisant les consommations d'eau sur les WC, on limite d'une part la consommation d'eau potable mais aussi le volume d'eaux usées à épurer. De plus, la récupération d'eau non potable (eau de pluie ou eaux grises) serait mieux valorisée et l'installation rationnalisée.

  • Les équipements économes en eau ‘pilotes' demandant plus d'implications aussi bien des concepteurs que des utilisateurs : urinoirs sans eau, toilettes à faible rinçage, à séparation des urines, toilettes à dépression, toilettes à compostage ou toilettes sèches, etc.
  • Les équipements ou les comportements induisant un usage économe, par exemple :

    • Dans le logement : le choix d'une douche (+/- 40litres) plutôt qu'un bain (+/- 150 litres), le placement d'éviers à deux bassins dans les cuisines pour faciliter la vaisselle, etc.
    • Dans le tertiaire : la sensibilisation des usagers aux pratiques d'économies d'eau, le relevé régulier des consommations d'eau en fonctions des différents usages (blocs sanitaires, Horeca, entretien, etc.) et la diffusion régulière des résultats vers les utilisateurs concernés, etc.
    • Dans l'industriel : la connaissance précise des consommations d'eau des différents postes de l'entreprise impliquant un suivi pratiquement en temps réel, éviter les installations techniques et équipements fonctionnant à eau perdue (recyclage de l'eau au sein même des processus de fabrication, récupération des condensats sur les installations de production de vapeur, etc.), proscrire le nettoyage des surfaces par la technique du « pousse à l'eau », etc.
  • Les appareils électroménagers à faible consommation  : lave-vaisselle, lave-linge qu'ils soient professionnels ou pour les particuliers. A ce titre la mutualisation d'équipements entre plusieurs logements ou activités permettra l'achat de matériel plus performant (économes en eau) par rapport à des équipements pris individuellement.

Suivi effectif des équipements tout au long de leur durée de vie

Le choix d'équipements simples et d'usage courant permet un approvisionnement facile (en cas de remplacement d'une pièce) et limite la durée des dysfonctionnements.

En dehors des techniques éprouvées, certains dispositifs sont encore marginaux sur notre marché et on s'assurera de leur disponibilité, des possibilités de suivi d'approvisionnement, d'entretien et de remplacement éventuel de certaines pièces. Un arbitrage devra être réalisé entre l'apport environnemental au projet (économies d'eau, amélioration de la gestion des eaux usées,…) par rapport à l'implication demandée et aux possibilités de suivi pendant toute la durée de vie du bâtiment (par exemple la bonne connaissance par le personnel du type d'entretien demandé par ces dispositifs).

Pour garantir la durée de vie des équipements sanitaires , l'entretien et la maintenance des équipements doivent se dérouler :

  • sans interventions lourdes : la conception des réseaux, le choix des équipements, leur localisation, le type de matériau, etc. doivent permettre une accessibilité aisée (conditions d'accès) et ne pas constituer un frein pour l'entretien . Par exemple, le choix d'un matériau sanitaire rugueux (cuvette des WC ou des urinoirs) ou d'un équipement qui s'encrasse facilement (becs des robinets, mousseurs, etc.) peut représenter un risque de dégradation de la qualité de l'eau par manque d'entretien suffisant ;
  • sans altération des éléments constitutifs non concernés. Par exemple, si le réglage des débits maximum de la robinetterie entraine des dégâts au corps de robinet ;
  • sans gêne des occupants et/ou des utilisateurs ;
  • être compatibles avec les fréquences d'utilisation : choix d'équipements adaptés à leur utilisation (qualités différentes exigées entre un sanitaire de logement par rapport à un bloc sanitaire d'un hall de gare) ;
  • selon des fréquences d'entretien jugées « normales » et qui soient économiquement rentables.

Aller plus loin

  • On favorisera les installations techniques qui permettent un recyclage de l'eau utilisée (par exemple dans les procédés qui utilisent de la vapeur) et on aura recours à des eaux alternatives à l'eau potable du réseau de distribution lorsque cela est possible ;
  • Certains procédés de filtration ou de potabilisation de l'eau même s'ils paraissent intéressants pour garantir la qualité hygiénique de l'eau et ainsi augmenter les postes couverts par une eau alternative à l'eau potable, peuvent entrainer un rejet d'eau plus ou moins important d'eau.

    Il faut donc s'assurer que chaque mesure d'économie d'eau ou de maintien de la qualité de l'eau n'est pas contre-productive.

    Par exemple, pour l'osmose inverse (voir dossier Récupérer l'eau de pluie), on parle généralement de deux tiers d'eau rejetée pour un tiers d'eau filtrée. Cette eau, même s'il s'agit d'une eau de remplacement à l'eau potable (par exemple, l'eau de pluie), est gaspillée (généralement rejetée à l'égout) alors qu'elle aurait pu être mieux valorisée pour d'autres besoins ne nécessitant pas ce type de filtration.

    La potabilisation ne doit donc être réservé qu'à certains cas particuliers :

    • Dans les projets où l'autonomie en eau potable est indispensable : bâtiments non raccordés au réseau collectif de distribution d'eau (rares en Région de Bruxelles-Capitale) ;
    • Dans les bâtiments disposant d'un potentiel important d'approvisionnement en eau alternative (par exemple, l'eau de pluie) par rapport aux besoins et dans lesquels, les dérives induites par la potabilisation sont corrigées : on pourrait envisager de renvoyer l'eau non filtrée vers la réserve d'eau non potable.
Dernière révision le 27/09/2016