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Eléments de choix durable

Synthèse des éléments de choix durable

Le tableau ci-dessous synthétise les différents éléments du choix durable au regard des dispositifs. Pour chacun de ceux-ci, un symbole indique la pertinence relative de chacun des arguments. Dans la mesure où les éléments du choix durable alimentent la réflexion quant à la durabilité du projet, il s'agit bien d'une simple indication, qui de plus doit être interprétée dans chaque situation particulière.

Aspects environnementauxAspects économiquesAspects socioculturels
Potentiel d'économie d'eauCoûts d'investissement [€]Impact sur les habitudes d'utilisation et d'entretienImpact sur la santé des utilisateurs (risque si mauvaise utilisation)
Installation d'adduction d'eau
Conception des réseaux d'alimentation : ici proximité des préparateurs d'eau chaude sanitaire (ECS)

✓✓

Réducteur ou régulateur de pression

✓✓✓

✗✗

50 à 250€

Détection de fuite & suivi des consommations

✓✓✓

✗✗

Robinetterie et accessoires
Limiteur de débit dynamique, mousseurs

5 €

Butée limitatrice de débit

✓✓✓

15€

Mitigeur thermostatique / eau froide position centrale

✓✓✓

25€ / 75€ à 100€

Robinets à fermeture automatique

✓✓✓

✗✗

75 à 250€

Toilettes et urinoirs
Urinoirs à faible débit

Voir [1]

Urinoir sans eau

✓✓✓

✗✗✗

450€ à 650€

✗✗✗

Chasse double touche 3-6 litres

75 à 100€

Chasse double touche 2-4 litres / toilette à dépression

✓✓✓

✗✗✗

amplificateur de débit / réseau sous vide

Toilettes à compostage
Hydrocyclonage ou Clivus multrum

✓✓✓

✗✗✗

A partir de 1.230€ (pour 4 personnes)

✗✗

Toilette sèche à litière bio-maîtrisée

✓✓✓

✗✗

100 à 200€

✗✗✗

Alternatives à l'eau potable
Récupération des eaux de pluie

✓✓✓

Voir [2]

✗✗✗

Voir [2]

15.000 à 30.000€

Recyclageeaux grises

✓✓✓

✗✗✗

Peut-être très couteux

✗✗

Recyclage des eaux usées

✓✓✓

✗✗✗

Voir [3]

couteux

✗✗

✗✗

✓✓✓ : Impact positif important✓✓ : Impact positif moyen✓ : Impact positif faible⚊ : Impact nul
✗✗✗ : Impact négatif important✗✗ : Impact négatif moyen✗ : Impact négatif faible

[1] Un risque de précipitation et de colmatage est avéré si l'urine est mélangée avec l'eau, notamment à cause du calcaire (lors de l'entretien), il est conseillé de placer ces urinoirs en aval des toilettes ;

[2]  Voir dossier Récupérer l'eau de pluie

[3] Voir dossier Améliorer la gestion des eaux usées sur la parcelle

Aspects environnementaux

Economie de moyens

Les différents dispositifs évoqués dans ce dossier permettent tous, de manière plus ou moins efficace, de réduire les quantités d'eau utilisées dans les bâtiments.

De petits moyens en termes de matière, d'énergie, et d'encombrement permettent d'atteindre des performances appréciables. Par exemple, des équipements simples sur la robinetterie (butées limitatrices de débit), un réducteur de pression, les équipements de détection de fuites, etc. apportent des économies d'eau non négligeables pour des temps de retour sur investissement réduits. La priorité sera donnée aux efforts permettant de réduire les consommations d'eau potable notamment sur les postes où elle est indispensable (boisson, hygiène, etc.).

Impact des mesures d'économie sur le bilan environnemental du m³ d'eau consommée

A l'échelle d'une région comme Bruxelles, l'épuration évitée par la réduction de la consommation d'eau des bâtiments, diminuera la consommation en électricité et en produits chimiques des stations d'épurations collectives. On estime le gain énergétique entre 0,5 à 2,39kWh économisé par m³ d'eau usée non traitée (en fonction du type de procédé d'épuration : voir dossier Améliorer la gestion des eaux usées sur la parcelle). Des installations d'épuration individuelles peuvent entrainer des consommations électriques nettement plus élevées (jusqu'à 11,47kWh/m³ traité). La réduction des consommations d'eau sera d'autant plus indispensable dans le cadre de ces projets.

Aspects économiques

Pour aborder les aspects économiques de l'utilisation rationnelle de l'eau, il est important d'identifier :

  • Le coût de l'eau par mètre cube d'eau économisé pour le projet ;
  • Les temps de retour sur investissement des mesures d'économies d'eau ;
  • Les coûts d'entretiens des mesures d'économies d'eau.

Coût de l'eau

Dans le calcul du prix des consommations d'eau, un mètre cube consommé inclut le prix de sa potabilisation, de son transfert depuis son lieu de production (coût de la distribution) mais aussi pour la collecte des eaux usées et leur épuration avant rejet (coût d'assainissement).

> Site vivaqua

Temps de retour sur investissement

La plupart des dispositifs d'économie d'eau, de par leur simplicité et leur durée de vie n'engagent que de faibles surcoûts d'investissement et d'entretien couverts par les économies qu'ils dégagent.

On parle dans la plupart des cas de temps de retour très faibles (inférieurs à 5 ans). Les techniques de récupération des eaux pluviales, de recyclage des eaux grises ou des eaux usées après épuration peuvent avoir des temps de retour nettement plus élevés (de 10 à 30 ans en fonction de la complexité de l'installation).

Coûts d'entretien

  • Les dispositifs d'économie d'eau tels que les mousseurs, les mitigeurs et les limiteurs de débits nécessitent principalement un entretien de nettoyage contre le calcaire surtout dans les bâtiments desservis par une eau dure.
  • Lors du placement d'un urinoir sans eau, par exemple, il convient de tenir compte des coûts liés à l'entretien et à la réparation éventuelle des conduites, mais également du fait que celles-ci doivent rester accessibles.

    • Pour les urinoirs sans eau fonctionnant avec liquide présent dans le coupe-air, il convient d'ajouter régulièrement de ce liquide.
    • Pour les urinoirs fonctionnant avec un obturateur d'odeurs, celui-ci devra être régulièrement remplacé en fonction de l'utilisation.
  • Les toilettes sèches et séparatrices demanderont plus une main d'œuvre qu'un entretien. Le seau de la toilette sèche et le réservoir de la toilette séparatrice devront être régulièrement vidés. Un entretien devra toutefois être apporté au nettoyage du seau/réservoir.
  • Pour les techniques plus complexes, les installations de recyclage des eaux grises, les installations à (pré)compostage (système Clivus multrum ou les techniques d'hydrocyclonage), on privilégiera un entretien complet par un service de maintenance spécialisé une fois tous les ans. Celui-ci représente généralement une part importante de la rentabilité financière d'un investissement et de la pérennité d'une installation. On comprendra donc l'intérêt de recourir à des installations qui nécessitent le moins de suivi possible : les installations les plus simples, les moins technologiques, sont à privilégier.

Aspects socio-culturels

Acceptabilité sociale de certains dispositifs

Certains dispositifs, comme la toilette sèche ou à litière bio-maîtrisée, sont inhabituels et leur mise en œuvre peut être confrontée à des difficultés d'acceptation dans le processus de décision du projet :

  • Les toilettes sèches sont des techniques encore peu connues et faiblement inscrites dans nos mentalités. Une promotion plus importante de celles-ci permettrait une intégration progressive dans nos mœurs.
  • Les systèmes de séparation (urines/fèces) et/ou à (pré)compostage sont plus faciles à adopter car ces techniques demandent moins d'implication des utilisateurs des toilettes (adaptations ponctuelles et principalement dans le chef des concepteurs et des gestionnaires de bâtiment). Leurs seules contraintes se limitent à la bonne conception des installations techniques : équipements complémentaires à intégrer dans le gros-œuvre (amplificateur de débit dans les trémies pour les toilettes à faibles débits) et dans les locaux techniques (bac à compostage, hydrocyclone, etc. pour les toilettes à (pré)compostage).

Sensibilisation des usagers

Il faut souligner le fait que de réelles améliorations environnementales, dont l'économie d'eau, ne pourront être réalisées sans une modification des usages.

Une sensibilisation des usagers que ce soit dans le logement, dans les bureaux ou les entreprises est une mesure qui demande peu d'investissement financier direct mais un investissement en termes de main d'œuvre. Cette démarche, en permettant d'adapter les habitudes d'utilisation, permet des réductions de consommations d'eau parfois plus importantes que l'investissement dans des techniques spécifiques comme le recyclage des eaux grises, la réutilisation des eaux usées après épuration, etc.

Des relevés réguliers et un archivage des consommations permettent un suivi des installations et offrent la possibilité d'établir des historiques, de faire des bilans, des statistiques et des analyses des consommations (identifier les consommations excessives et les dysfonctionnements).

  • Réaliser un suivi de l'évolution de la consommation spécifique par poste de consommation ;
  • Suivre les débits lors des périodes creuses : week-end pour les bureaux et pendant la semaine pour le logement.

Dans les bureaux et les bâtiments d'activités, la diffusion régulière des résultats de consommation d'eau permet d'impliquer le personnel afin d'atteindre l'objectif d'économie d'eau fixé.

  • Influencer les fréquences d'utilisation des différents équipements ;
  • Informer sur la bonne utilisation des différents dispositifs permettant des économies d'eau.

Contrainte d'entretien de certains équipements

Afin de s'assurer de l'entretien des dispositifs choisis, surtout ceux qui nécessitent un changement d'habitudes, il faut en vérifier l'applicabilité et l'acceptabilité auprès du personnel d'entretien.

Par exemple, l'entretien des urinoirs sans eau nécessite la sensibilisation du personnel d'entretien pour garantir la pérennité de l'équipement (éviter les dégradations par méconnaissance ou par défaut d'entretien) et éviter les gaspillages d'eau (nettoyage aux grandes eaux pas nécessaire) : utilisation d'un produit spécifique pour le nettoyage de l'ensemble, zones à nettoyer, technique de remplacement du siphon, etc.

Santé

Les organismes publics de distribution ont l'obligation de garantir la qualité de l'eau jusqu'aux différents consommateurs (jusqu'au compteur principal). Dans chaque bâtiment, on devra prendre une série de précautions pour garantir le maintien de la qualité de l'eau depuis le réseau privatif jusqu'aux différents points de puisage .

Il y a lieu de s'assurer de :

  • Choisir des matériaux adaptés aux contraintes (pH, débit, etc.), inertes et compatibles entre eux.
  • Prendre des mesures pour limiter la formation d'un biofilm bactérien dans les canalisations et dans les équipements du réseau : éviter les bras morts, changements de direction, etc.
  • Eviter les montées en température de l'eau froide : localisation, calorifugeage, etc.
  • Réaliser des analyses régulières de la qualité de l'eau

L'économie d'eau ne pouvant se faire au détriment de la santé des occupants, il faut systématiquement s'assurer qu'un dispositif choisit ne compromet pas la qualité de l'eau ou que les contraintes d'entretien soient respectées.

La plus grande attention sera apportée au choix des dispositifs d'économie d'eau dans les bâtiments accueillant des personnes fragilisées (hôpitaux, maison de repos, crèche,…) plus sensibles.

Les mousseurs sur les robinets doivent être entretenus régulièrement car ils présentent des risques d'entartrage, d'encrassement plus importants (type de surface) et donc de prolifération bactérienne (légionnelle), source de risque sanitaire pour les personnes déjà fragilisées.

Arbitrage

Recyclage des eaux grises >< Récupération d'eau de pluie

Par rapport à la récupération d'eau de pluie, le recyclage des eaux grises présente l'avantage de ne pas être dépendant de la surface de toiture disponible et du volume d'eau de pluie incident récupérable. L'eau grise est donc un excellent complément à l'eau de pluie lorsque la pluviométrie est faible, que les surfaces de collecte sont réduites ou que le volume d'eau pluvial est réduit par la nature du traitement de surface des toitures (par exemple, par la mise en place de potagers urbains). La récupération des eaux grises prend tout son sens dans les zones à fort développement urbain, où les surfaces de récupération d'eau de pluie sont réduites à cause de la densité d'occupation des parcelles.

En outre, l'encombrement est relativement faible au vu du potentiel de récupération d'eau et comparativement à un système d'épuration des eaux usées brutes.

D'un point de vue environnemental, cette solution est également intéressante en complément d'un système de récupération des eaux de pluies puisqu'elle limite le volume d'eaux usées rejeté à l'égout. Cette épuration permet le rejet d'une eau plus concentrée (en matières organiques : WC) plus intéressante pour permettre un fonctionnement optimal des stations d'épuration collectives.

Néanmoins, la consommation énergétique d'une installation de recyclage des eaux grises peut atteindre le double d'une installation de récupération d'eau de pluie. L'investissement dans ce type d'installation étant nettement plus important que pour une installation de récupération d'eau de pluie, une approche globale, au cas par cas, est donc indispensable avant d'arrêter un choix.

Postes dédiés à la récupération d'eau de pluie

Pour la récupération d'eau de pluie, un arbitrage devra être réalisé entre les différents usages potentiels. Dans le logement par exemple, le choix devra être fait entre la récupération de l'eau de pluie dans les toilettes (moins contraignant en termes de qualité) et l'utilisation pour les machines à laver (eau de pluie plus douce permet de limiter l'usage de produits : adoucissants et détergents). Pour les détails, nous renvoyons le lecteur vers le dossier Récupérer l'eau de pluie.

Dernière révision le 27/09/2016