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Eléments du choix durable

Synthèse des éléments du choix durable

Le tableau ci-dessous synthétise les éléments du choix durable essentiels au regard des dispositifs. Pour chacun de ceux-ci, un symbole indique la pertinence relative de chacun des arguments. Dans la mesure où les éléments du choix durable alimentent la réflexion quant à la durabilité du projet, il s'agit bien d'une simple indication, qui de plus doit être interprétée dans chaque situation particulière. Les informations détaillées figurent sous «  Dispositifs  », plus loin dans ce dossier.

EcolabelsCertifications d'exploitation durableOutils de classification des matériauxDécalaration environnementales de produits (EPD)Outils d'évaluation des composantes (éléments de construction) d'un bâtimentOutils d'évaluation à l'échelle du bâtiment
rapidescomplexes

Aspects techniques

Niveau de technicité de l'outil d'aide au choix

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Champ de l'outil en termes de cycle de vie

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Aspects économiques

Coût de l'outil et de son utilisation

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Aspects socioculturels

Evaluation des impacts sanitaires

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✓✓ : Impact positif important✓ : Impact positif moyen⚊ : Aucun impact
✗✗ : Impact négatif important✗ : Impact négatif moyen

Aspects techniques

Le niveau de technicité des outils d'aide au choix

Bien qu'ils constituent une aide au choix intéressante, certains outils impliquent une connaissance adéquate de leur fonctionnement en vue d'une utilisation correcte.

Les outils d'évaluation, en particulier, demandent au moins le calibrage par l'utilisateur de la composition des éléments évalués. Comme précisé ailleurs dans cette fiche, afin d'effectuer une analyse du cycle de vie dans les règles de l'art, une définition correcte de l'unité fonctionnelle est requise. Ainsi, afin de permettre une comparaison à performance égale, l'utilisateur de ce type d'outils devra veiller à ce que cette exigence soit respectée. Dans le cas contraire, il ne s'agira pas d'une comparaison objective, et les conclusions ne seront pas fiables.

En ce qui concerne les EPD : l'interprétation de ceux-ci nécessite l'utilisation d'un outil ACV professionnel, comme par exemple GaBi (voir Dispositif | Analyse du coût sur le cycle de vie). Ce type d'exercice est réservé aux spécialistes de l'analyse du cycle de vie.

Le champ limité de certains outils

Les protocoles de certification axés sur le cycle de vie des matériaux sont encore trop peu nombreux et les bases de données et outils d'aide au choix ne font pas tous référence à l'ensemble des produits du marché de la construction. Il n'est donc pas toujours possible, à l'aide d'un même outil unique, de comparer toutes les options envisagées, par simple manque de données. Dans ce cas, le recours à un outil complémentaire est souvent envisagé, mais cette solution ne permet alors pas de garantir une comparaison objective, en raison de la différence des postulats et données de départ.

Les limites de l'analyse du cycle de vie

L'analyse de cycle de vie permet avant tout d'avoir une vision globale de l'impact environnemental d'une filière, de prévoir le déplacement de pollution, d'évaluer quel type d'impact environnemental est dominant dans la réalisation et/ou l'utilisation d'un produit (selon la portée de l'analyse – voir Notions) et quelles étapes (étape de production, utilisation, mise au rebut) ou quels éléments particuliers du produit contribuent le plus en termes d'impacts environnementaux. Ceci est obtenu par une démarche aussi exhaustive que possible et selon une démarche clairement documentée. Cette méthode permet également une mise en perspective des différents types d'impacts plutôt que de se limiter à un type d'impact particulier.

L'analyse du cycle de vie mesure la contribution d'un produit à un nombre limité de grands problèmes environnementaux. Mais elle ne permet toutefois pas de prendre en compte:

les impacts locaux, comme le bruit, l'odeur, la qualité de l'air intérieur, la formation de poussière, …

les conséquences / risque de catastrophes, comme l'énergie nucléaire, …

les aspects sociaux, comme l'emploi, les conditions de travail, le confort acoustique et hygrothermique, ...

Un dernier point requiert l'attention: l'analyse du cycle de vie est une méthodologie en pleine évolution. Grâce aux progrès incessants de la connaissance scientifique concernant les impacts environnementaux et les indicateurs pris en considération, il est possible d'élargir toujours plus les ACV et de reprendre toujours plus d'impacts environnementaux

Aspects environnementaux

Attention au « décyclage » (ou « sous-cyclage) en fin de vie

Traduction du néologisme « downcycling » (BRAUNGART & McDONOUGH), le « décyclage » se dit d'un procédé de recyclage qui entraîne une diminution de la valeur intrinsèque d'une matière à travers un cycle qui ne permet plus de refaire le même type de produits ou qui vise la fabrication de produits qui eux ne seront plus recyclables. C'est par exemple le cas du papier recyclé ou des produits fabriqués à partir de mélanges de plastiques recyclés dont la qualité matérielle est inférieure au cycle précédent. Une approche idéale du cycle de vie des matériaux tendrait à restreindre ce phénomène par la réutilisation directe du matériau ou composant, grâce au choix de composants à cycles de vie ‘infinis', c'est-à-dire que la qualité intrinsèque du produit devrait se maintenir d'un cycle à l'autre, soit en réemploi, soit après réintroduction dans la chaine de fabrication. C'est par exemple le cas pour l'asphalte.

L'importance du contexte géographique dans les ACV

Lorsqu'un outil d'aide au choix, tel une classification ou un logiciel d'évaluation d'analyse du cycle de vie, est utilisé, il implique par définition des postulats de départ basés sur des valeurs moyennes d'impacts, des distances de transport, un approvisionnement en énergie (mix renouvelable et non-renouvelable) et des scénarios de fin de vie propres aux pays dont ces outils sont originaires.

En résumé, lorsqu'on lit les scores d'un matériau à l'aide d'un outil de classification ou d'évaluation ACV, il est important d'évaluer le risque de divergence des résultats et l'ampleur de celui-ci en raison du contexte variable, et d'intégrer cette réflexion à l'évaluation des produits.

Les EPD : intérêt et limites

En soi, un EPD (fiche d'information reprenant des données quantitatives sur l'impact environnemental d'un produit pour l'ensemble de son cycle de vie) permet difficilement d'évaluer la performance environnementale d'un matériau, ou de le comparer avec un autre. A cette fin, le recours à un outil d'évaluation ACV est indispensable : c'est celui-ci qui effectuera l'interprétation des données. Un produit doté d'un EPD n'est donc pas nécessairement un produit à faible impact environnemental.

Néanmoins, l'existence des EPD est essentielle : sans les données spécifiques d'un produit (quantification et qualification des flux économiques et des flux élémentaires) qu'elles comprennent, il est impossible d'effectuer une étude ACV complète, que ce soit à l'échelle des matériaux, des éléments de construction ou du bâtiment.

Aspects économiques

Coûts des outils d'aide au choix

Les outils d'évaluation et certains outils de classification, repris dans la présente fiche, sont payants. Leur utilisation a donc un coût. Celui-ci varie fortement : il peut aller jusqu'à plusieurs milliers d'euros pour les outils d'évaluation ACV professionnels, et de 700 à 1500 euros pour un outil ACV « simple ». Avant de recourir à l'achat d'un tel outil, il convient donc de s'interroger sur sa fréquence d'utilisation prévue et son adéquation avec le contexte bruxellois et belge (notamment sous l'angle des données génériques appelées).

Coût de la réalisation d'une analyse du cycle de vie extensive à l'échelle du bâtiment

Comme précisé sous « aspects techniques », la réalisation d'une analyse du cycle de vie détaillée à l'aide d'un outil professionnel est réservée aux spécialistes. Une telle analyse représente un coût conséquent (notamment en raison du prix des outils d'analyse et des bases de données professionnelles qui les soutiennent). Il est donc difficilement imaginable de faire effectuer une telle analyse dans le cadre d'un projet de petite taille. Pour les projets de grande envergure visant l'obtention d'une certification bâtiment durable (comme, par exemple sous BREEAM), il peut néanmoins être intéressant de faire le pas, car ce type d'études sont valorisées par bon nombre de cadres de référence.

Les outils dits « simples » (voir Vue d'ensemble des dispositifs) présentent l'avantage d'un coût nul ou très faible. Si leur niveau de détail est moindre que celui offert par les outils professionnels et complexes, ils constituent bien une aide au choix très pertinente.

L'approche cycle de vie : en lien étroit avec les coûts sociétaux

A partir du moment où l'impact environnemental global d'un produit (en ce compris d'un matériau de construction ou d'un bâtiment) n'est pas nul, il peut être lu avec précision à l'aide d'indicateurs environnementaux. Chaque indicateur s'exprime par une unité qui lui est propre, allant du facilement compréhensible (ex. m³ d'eau utilisés, MJ en énergie consommés,…) au plus complexe (ex. formation d'ozone photochimique exprimé en kg ethene equiv). Derrière ces valeurs se trouve toutefois un autre niveau de lecture, essentiel : celui des coûts sociétaux. Il s'agit de coûts qui sont, ou seront, à supporter par la collectivité (à considérer au sens mondial, l'environnement étant un bien commun de tous les habitants de notre planète) en raison des effets subis par ou de la nécessité d'une remédiation aux impacts environnementaux générés. La radiation ionisante, par exemple, porte atteinte à la santé humaine. Parmi les coûts sociétaux liés à cet indicateur, notons (entre autres) les frais médicaux engendrés et nécessaires au traitement des personnes affectées. Un autre exemple : l'épuisement de la ressource eau. L'eau est un bien commun, et la disponibilité d'eau potable est un besoin de première nécessité. La diminution de cette disponibilité, et l'augmentation de potabilisation de l'eau, a un coût sociétal.

Différentes méthodes existent, permettant de transformer la valeur d'un impact environnemental en coût : il s'agit de la monétarisation des impacts environnementaux. Si cette pratique n'est pas encore très courante (notamment en raison d'une multitude de discussions non seulement économiques mais également philosophiques – il n'est pas toujours évident d'envisager l'environnement comme un bien marchand), les analyses du cycle de vie en constituent la base, grâce au calcul détaillé à l'aide des indicateurs environnementaux. Pour cette raison, il est important de soutenir l'approche ACV, car, à terme, elle permettra d'évaluer ces coûts sociétaux et de connaître avec précision le coût réel du choix d'un produit, d'un matériau, et de ne plus limiter la notion de coût à celle de l'investissement initial.

Aspects socio-culturels

L'évaluation des impacts sanitaires

Actuellement, les outils d'évaluation ACV ne mettent pas couramment en évidence les impacts du choix d'un matériau sur la santé humaine : ils se focalisent généralement sur les aspects environnementaux. Pour cette raison, et afin de satisfaire aux principes de base d'un choix durable des matériaux de construction, il importe de compléter l'information environnementale donnée par les différents outils répertoriés dans la présente fiche par des données concernant les émissions dans l'air intérieur si cette information est manquante.

Des labels faible émission existent : ils sont évoqués dans les fiches du thème Matière ayant trait aux catégories de produits en contact avec l'air intérieur et constituent des outils d'aide au choix sous l'angle de la santé très pertinents.

Dernière révision le 01/01/2013