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Enjeux et démarche

Enjeux

La promotion d'une utilisation rationnelle de l'eau à usage domestique et non domestique (enjeux évoqués dans le dossier Faire un usage rationnel de l'eau) est une priorité au même titre que la promotion d'une utilisation d'eau non potable pour le secteur domestique, non domestique et industriel.

Les ressources d'eaux de qualité (eau potable du réseau de distribution, eau de captage souterrain) doivent être préservées pour des besoins qui exigent une telle qualité. Cela comprend les usages dits « alimentaires » (eau de boisson), les utilisations qui entraînent un contact avec les personnes (hygiène corporelle), certains processus de production, etc. Ainsi, pour les autres usages, on peut envisager l'utilisation d'eaux dites « alternatives » : ici, la récupération d'eau de pluie.

Si l'on observe les consommations d'eau en Région de Bruxelles-Capitale par type d'affectation :

  • Un habitant consomme environ 106 litres par jour et par personne. Sur ces besoins d'eau, seulement +/-43% exigent l'utilisation d'une eau potable : pour l'alimentation, la vaisselle et l'hygiène corporelle. Cela veut donc dire que +/-60% peuvent être remplacés par de l'eau claire non potable telle que de l'eau de pluie.
  • Le même type de constatation peut être effectuée dans les bureaux. Sur une moyenne de +/-40 à 50 litres de besoins en eau par jour et par personne, +/-60 à 80% des besoins peuvent être remplacés par une source d'eau alternative à l'eau potable du réseau de distribution.

La récupération d'eau de pluie est intéressante à plus d'un titre. Elle est un bon complément aux mesures d'économies d'eau décrites dans le dossier Faire un usage rationnel de l'eau, et joue ainsi un rôle dans la réduction des pressions sur les réserves hydriques de la capitale et surtout sur ses sources d'approvisionnement externes. Elle permet ainsi de réduire la facture d'eau de ville des utilisateurs.

Un autre enjeu couramment cité pour la récupération d'eau de pluie est son rôle dans la gestion des eaux pluviales de ruissellement. Même si la récupération d'eau de pluie s'intègre aux dispositifs de minimisation du ruissellement urbain et qu'elle permet une certaine réduction des volumes d'eaux pluviales évacués (pour les pluies courantes), elle ne permet pas à elle seule d'effectuer une gestion optimale des eaux pluviales sur la parcelle. Un réservoir d'eau pour son utilisation domestique et un réservoir tampon d'orage ne répondent pas aux mêmes objectifs. Ils ne fonctionnent donc pas de la même manière.

Des mesures compensatoires, telles que décrites dans le dossier Gérer les eaux pluviales sur la parcelle, sont nécessaires pour temporiser les eaux pluviales en cas d'orage. Néanmoins, une citerne d'eau de pluie doublée d'une fonction de temporisation (citerne double fonction ou double citerne) permet aussi de répondre à cet enjeu.

Schéma d'une installation

image6928956747865396560.pngGuide conseil « critères techniques pour une mise en œuvre énergétique et durable » (Source : Bruxelles Environnement)

Démarche

1. Evaluer la pertinence de la récupération d'eau de pluie

Entre une gestion individuelle locale et une gestion publique centralisée, se pose la question de l'échelle la plus pertinente pour l'approvisionnement en eau de qualité appropriée à chaque usage. Divers paramètres environnementaux, sociaux, économiques, mais aussi pratiques et juridiques entrent en jeu.

Ainsi, récupérer l'eau de pluie à l'échelle locale aura plus de sens :

  • Si c'est plus efficace au niveau de la réduction effective des quantités d'eau de distribution utilisées, de l'entretien et de la maintenance de l'installation, de l'énergie grise du système, de l'énergie d'utilisation ;
  • Si le système permet d'assurer parallèlement d'autres fonctions telles que la gestion des eaux de pluie sur la parcelle.

2. Consommer moins et mieux

L'action prioritaire avant la récupération d'eau de pluie sera la limitation des consommations d'eau en intégrant des équipements économes et en adoptant un réseau de distribution correctement étudié. Cela permettra de réduire les besoins d'eau des postes potentiellement couverts par de l'eau de pluie grâce à des équipements économes (par exemple, le choix de toilettes et d'urinoirs économiques, de robinets performants, etc.) (voir dossier Faire un usage rationnel de l'eau).

L'eau de pluie, bien que pouvant paraître gratuite, n'en est pas moins limitée en quantité (en fonction de la pluviométrie et des surfaces de collecte disponibles). Optimiser ses besoins en amont permet de concevoir au mieux l'installation de récupération d'eau de pluie (influence sur la taille de la citerne en conception).

La deuxième étape sera donc d'identifier ses besoins en termes de qualité et de quantité afin d'optimiser la récupération d'eau de pluie pour les usages les plus adaptés. Cette étape permettra de conserver l'eau potable uniquement pour les besoins qui le demandent et de dédier l'eau de pluie récoltée aux besoins qui sont le plus adaptés.

On préférera couvrir en priorité les besoins qui nécessitent une qualité d'eau moindre (moins d'équipements de filtration et moins de suivi de l'installation) et qui permettent de réduire les consommations électriques (installations qui fonctionnement par gravité) afin de mieux rentabiliser l'installation (réduire les coûts d'installation et de fonctionnement).

> Etapes de conception

3. Garantir la qualité de l'eau de pluie récoltée

L'eau de pluie étant souvent moins polluée que la plupart des eaux de surface, le système de récupération doit être conçu de manière à ne pas en dégrader la qualité, par un choix approprié des surfaces de collecte, des canalisations, des conditions de stockage, etc.

Par ailleurs, l'eau de pluie étant plus douce que l'eau de distribution, l'utiliser pour l'entretien et la lessive permet de limiter la pollution de l'eau par la réduction des quantités de détergents nécessaires.

Les propriétés physico-chimiques de l'eau de pluie (neutralité, faible dureté, faible minéralisation…) permettent aussi son utilisation dans beaucoup d'usages spécifiques : buanderie, imprimerie, lavage de véhicules, etc.

4. Dimensionner correctement l'installation, en prévoyant éventuellement un appoint

Il faut s'assurer que l'on a optimisé la conception de l'installation de récupération d'eau de pluie pour limiter ses consommations électriques, notamment au niveau du groupe surpresseur et de l'aération éventuelle de la citerne. Cela passe notamment par un choix adéquat de la pression du réseau, de la localisation des pompes et des points de puisage alimentés.

Lorsque le projet ne dispose pas de suffisamment d'eau de pluie (utilisation plus importante que le potentiel de récupération d'eau de pluie), il y a lieu de compléter l'apport d'eau de pluie par un appoint provenant d'autres sources d'eaux alternatives à l'eau potable comme le recyclage des eaux grises, des eaux de lavages, d'eaux usées recyclées, etc. Cet appoint d'eau non potable peut aussi permettre d'étendre la plage de couverture des besoins à d'autres usages : HVAC, lavages de véhicules, procédés de fabrication (imprimerie,…), réseau de sprinkler,… etc.