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Inventaire réemploi

Inventaire réemploi
L'inventaire réemploi est une démarche réalisée préalablement au démantèlement partiel ou total d’un bâtiment, qui consiste à fournir une bonne estimation des potentiels de réemploi et à lister de façon détaillée les éléments présentant un fort potentiel de réemploi dans un contexte donné. L’inventaire est un processus itératif qui vise à collecter des informations sur les éléments disponibles, en prenant en compte leurs caractéristiques telles que les dimensions, quantités, état, mais aussi (si disponible) leurs propriétés techniques et recommandations pour le démontage. La démarche de l'inventaire réemploi a été fixée dans le cadre du projet européen FCRBE, consortium d'experts en réemploi.

Le secteur de la construction étant l'un des plus grands consommateurs de ressources et producteurs de déchets, il se doit de travailler à diminuer son impact environnemental en optimisant intelligemment l’utilisation des ressources existantes. Le réemploi répond à ces enjeux et offre d'autres avantages, tels que la valorisation du patrimoine existant, de potentielles économies financières, la réduction des impacts environnementaux ou la création d’emplois locaux.

Les professionnels de la construction et les acteurs impliqués dans le processus de (dé)construction peuvent s'appuyer sur un inventaire réemploi pour identifier les matériaux et éléments réemployables, contribuant ainsi à une économie circulaire et à une démarche écoresponsable dans le secteur.

Quels sont les objectifs de l’inventaire réemploi ?

L’inventaire réemploi peut être utilisé à divers stades d'un projet pour valider les choix techniques et optimiser l'utilisation des ressources disponibles. Il contribue à plusieurs objectifs clés :

  1. Définition du niveau d'ambition possible et souhaitable ;
  2. Identification des ressources disponibles et de leur potentiel ;
  3. Sensibilisation des acteurs du bâtiment aux ressources à disposition ;
  4. Promotion d'une conception plus durable et circulaire (réemploi in-situ et ex-situ, conservation des matériaux existants, etc.).

Comment mener un inventaire réemploi ?

L’inventaire est un processus en plusieurs phases :

Le contenu de ces 5 phases est détaillé ci-après.

Définir les ambitions

  • Quel est l’objectif principal de l’opération ?
    • Maximiser la quantité de matériaux récupérés ?
    • Sauvegarder les pièces ayant une valeur culturelle élevée ?
    • Encourager de nouvelles activités de réemploi ?
  • Quels investissements en temps de travail / en budget peuvent être alloués à l’opération de récupération ?
  • Quelles sont les motivations ?
    • Sur base volontaire ;
    • Fins économiques ;
    • Suivre la législation ;
    • Obtenir une certification ou une qualification.

Clarifier ces ambitions permet de guider les étapes suivantes.

Pour assurer un inventaire efficace et atteindre l'objectif de réemploi, il est important de :

  • Impliquer les parties prenantes, en particulier l'entrepreneur responsable de la démolition, en les informant des éléments à récupérer. Leur engagement est essentiel pour un démontage et un réemploi réussi.
  • S’ils sont connus, contacter les utilisateurspotentiels des matériaux ou éléments démontés, tels que les architectes ou entrepreneurs, pour discuter du potentiel de réemploi des éléments identifiés.
  • En cas de revente, adapter l'approche de communication en fonction du type de maîtrise d'ouvrage (publique ou privée).
  • Lorsque c’est possible, envisager des options de retour à l'usine pour certains éléments.
  • Anticiper les critères d'influence lors de la réalisation de l’inventaire, en tenant compte des aspects logistiques (accès au site, cout de transport, etc.) et en collaborant avec des professionnels du réemploi si nécessaire.

Se concentrer sur ces éléments clés augmente les chances de réussite du réemploi et permet d’améliorer la communication avec les entreprises impliquées.

Avoir le bon état d’esprit

  • Curiosité
    • Le potentiel d’un élément est souvent plus important que ce qu’il n’y paraît au premier abord
  • Prudence
    • Certains facteurs peuvent sérieusement compromettre le potentiel de réemploi.
  • Flexibilité
    • Le marché du réemploi est un secteur en constante évolution et il n’y a pas de formule type pour identifier des matériaux réemployables.
  • Proportionnalité
    • Trouver l'équilibre entre les efforts consentis pour réaliser audit et inventaire réemploi et les ambitions de réemploi du contexte dans lequel se déroule l’audit.
  • Assistance possible
    • En cas de doute, une assistance peut être demandée.

Identifier les éléments

Deux méthodes possibles :

  • par analogie ;
  • par rapport à des critères d’influence.

Résultats espérés :

  • liste de produits potentiels ;
  • étendue des opérations possibles.

Inventorier les éléments

Rassembler et organiser les informations :

  • Données contextuelles
  • Données de base
    • Dresser une liste relativement rapide des éléments réutilisables et rassembler les caractéristiques des produits qui sont pratiquement toujours requises, quelle que soit la filière envisagée.
  • Données complémentaires (itératives)
    • Elles consolident la description des éléments identifiés et donnent un aperçu plus détaillé de leur potentiel de réemploi.

Transmettre les résultats de l’inventaire

  • Sonder l’intérêt du réemploi :
    • Interagir avec les demandeurs potentiels : qu’il s'agisse d'architectes, de revendeurs de matériaux de réemploi ou d'autres utilisateurs potentiels, leur intérêt pour un lot spécifique dépendra de critères tels que le type, la quantité ou l’état général des éléments.
      Ces interactions déterminent le genre de renseignements à rassembler.
  • Etablir un processus dynamique et itératif :
    • entre actions d’inspection du bâtiment et de documentation ;
    • entre L’établissement de l’inventaire et de ses fiches de matériaux, notamment lorsque certaines informations sont manquantes et qu’un examen plus approfondi est nécessaire ;
    • de la récolte d'informations générales vers une description détaillée (de l’audit à l’inventaire) ;
    • le niveau de détail doit être adéquat et permettre une évaluation précise du potentiel de réemploi.

Schématisation des itérations mises en place pour déceler le potentiel de réemploi d’un matériau

Schématisation des itérations mises en place pour déceler le potentiel de réemploi d’un matériauSource : FCRBE © Bruxelles Environnement
Comme visible sur le schéma ci-dessus, le protocole déconstruction est une démarche liée à celle de l’inventaire réemploi. Pour en apprendre plus, consultez la Solution | Protocole déconstruction.

Qui peut faire un inventaire réemploi ?

Différents acteurs peuvent mener un inventaire réemploi avec divers avantages et inconvénients. Certaines recommandations ou points d’attention sont également formulés dans le tableau ci-dessous.

 

Avantages

Inconvénients

Recommandations

Architecte

  • évalue la valeur d'un élément en fonction d'une approche globale ;
  • repère des opportunités directes de réemploi.
  • peut ne pas être impliqué dans la décision de démolir ou non le bâtiment ;
  • le cahier des charges de l‘auteur du projet doit inclure cette mission et les honoraires ;
  • certains architectes préfèrent encore travailler à partir d'une page blanche ;
  • méconnait le marché du réemploi.
  • Plus adéquat dans des projets de rénovation avec réemploi in-situ (en tant que « sourceur »).

Maitre d’ouvrage

  • peut intervenir en amont du processus et adapter ses ambitions ;
  • peut effectuer le premier audit en interne ;
  • peut repérer les possibilités de « réemploi en flux tendu » ;
  • (si MO public) connait les stratégies des marchés publics et peut les adapter en fonction des opportunités.
  • a des connaissances techniques limitées ;
  • n’a pas souvent les moyens d’effectuer des inventaires exhaustifs dans les grands bâtiments.
  • peut effectuer la première étape d’une évaluation simplifiée, assisté ou non par d'autres professionnels.

Entrepreneur (construction ou démolition)

  • Démolition : donner une estimation précise des défis techniques posés par la déconstruction ;
  • Construction : repérer des possibilités de réemploi sur site ou en flux tendu sur d’autres sites.
  • conflits d’intérêts par rapport aux objectifs et ambitions en matière de quantité ;
  • inexpérience dans l'identification des possibilités de réemploi.
  • peut réutiliser les matériaux sur site et être consulté sur la faisabilité technique et logistique ;
  • à impliquer dans les discussions lors de processus de déconstruction/logistique.

Contrôleur de travaux

  • Dispose de vastes connaissances techniques et législatives.
  • Peut avoir une expérience limitée du réemploi.
  • si impliqué dans un autre type d’audit, il peut effectuer une première évaluation et ensuite être assisté par d'autres professionnels.

Expert en réemploi

  • repère les réemployables et évalue leur potentiel ;
  • peut agir en tant qu’externe et servir de liaison entre les différentes parties ;
  • suggère différentes possibilités et évalue leur faisabilité en combinant le marché existant et le projet d’architecture ;
  • donne un avis sur performances à atteindre.
  • fonction encore en développement et peu commune et non certifiée ;
  • sa mission doit faire l’objet d’un contrat.
  • si : ambition élevée, taille importante, stratégie large (réemploi ou déchet) ;
  • si : moyens dédiés au réemploi ;
  • pour avoir vue d’ensemble des possibilités et une première estimation de leurs répercussions.

Revendeur de matériaux de réemploi

  • a une bonne connaissance du marché ;
  • précieuses indications sur les conditions déterminant le caractère réemployable ;
  • garanti la circulation effective des matériaux vers de nouvelles utilisations.
  • vision étroite ou biaisée sur un segment ;
  • peu sensible au réemploi innovant ;
  • peut ignorer certains produits, car n’en perçoit pas la valeur à la revente ;
  • peut avoir des connaissances techniques et législatives limitées.
  • s’il existe déjà un (segment de) marché ;
  • pour simplement obtenir des « gains rapides » (pas exhaustif) ;
  • pour opération rentable ou économique.

Quand faire un inventaire réemploi ?

Avant d’être démoli (ou transformé), un bâtiment fait généralement l'objet de différentes études : évaluation immobilière, inventaire des substances dangereuses, inventaire déconstruction, etc.

Apprenez en plus en consultant la Solution | Protocole déconstruction.

L'évaluation du potentiel de réemploi des éléments du bâtiment et des matériaux de construction constitue encore un autre type d’analyse. Cette évaluation peut être effectuée à différents moments, en fonction du planning, du contexte et des objectifs du projet.

« L’anticipation est généralement le meilleur moyen de maximiser l’efficacité des opérations de récupération et de réemploi ». L’inventaire réemploi doit commencer le plus tôt possible afin que les phases de déconstruction sélective puissent être planifiées. Ce dernier peut ainsi orienter les choix conceptuels et permettre de s’intégrer au mieux au design du bâtiment.

Schématisation des différentes étapes et procédures possibles pour la déconstruction d’un bâtiment

Schématisation des différentes étapes et procédures possibles pour la déconstruction d’un bâtimentSource : FCRBE © Bruxelles Environnement

Etapes

Petit projet

Grand projet

Définition du projet

Analyse rapide

  • Le maître d’ouvrage peut éventuellement prendre en charge sa réalisation.
  • Définir les objectifs de réemploi souhaités par le maître d’ouvrage.
  • Définir la stratégie de réemploi.
  • Définir en amont les informations à reprendre dans l’inventaire.
  • Intégrer le réemploi dans les CDC des équipes de conception.
  • Définir les objectifs de réemploi grâce à un appel d’offre pour l’équipe de conception.
  • Définir la stratégie de réemploi.
  • Définir les obligations lors de démolitions ou rénovations lourdes.

Conception

Inventaire détaillé

  • Prendre connaissance de la documentation existante sur le bâtiment concerné (plans, fiches techniques, photos, plan de maintenance…).
  • Visite sur place / photos / relevés / plans 2D & modèles 3D.
  • Identifier les déchets dangereux (inventaire amiante, matériaux toxiques…).
  • Analyse de la place disponible dans le bâtiment pour le stockage de matériaux de réemploi.
  • Intégrer la stratégie de réemploi dans le projet.
  • Prendre connaissance de la documentation existante sur le bâtiment concerné (plans, fiches techniques, photos, plan de maintenance…).
  • Visite sur place / photos / relevés / plans 2D & modèles 3D.
  • Identifier les déchets dangereux (inventaire amiante, matériaux toxiques…).
  • Analyse de la place disponible dans le bâtiment pour le stockage de matériaux de réemploi.
  • Intégrer la stratégie de réemploi dans le projet.
  • Informations détaillées sur les lots ayant un potentiel de réemploi.

Dossier d’exécution

Inventaire détaillé

  • Affiner la stratégie de réemploi.
  • Informations pour le CDC :
    • tenir comptes des phases suivantes ;
    • consulter les spécialistes.
  • Partager le savoir sur ce qui est récupérable facilement.
  • Bordereaux Prix sur les matériaux de réemploi.

Adjudication

Inventaire détaillé

  • Organiser le démantèlement et la remise sur le marché.
  • Consulter les spécialistes.
  • Clarifier la stratégie de réemploi dans le CSC/plan :
    • matériaux maintenus ;
    • réemployés (In situ / Ex situ).
  • Analyse financière et environnementale comparant réemploi et neuf.
  • Réaliser des tests et études complémentaires.
  • Consulter les spécialistes (Facilitateur réemploi sur chantier).
  • Clarifier la stratégie de réemploi dans le CSC/plan :
    • matériaux maintenus ;
    • réemployés (In situ / Ex situ).
  • Définir les modalités financières du réemploi, de stockage de matériaux…

Chantier

Monitoring

  • Bonne communication avec les ouvriers.
  • Mockup : essais sur des échantillons.
  • Bonne communication avec les ouvriers.
  • Mockup : essais sur des échantillons.
  • Monitoring: suivi des objectifs de réemploi et des quantités.

Comment identifier les éléments réemployables et leur potentiel ?

Les éléments peuvent être identifiés via :

  • envoi de photos des matériaux à quelques repreneurs ;
  • expertise en interne (expérience, opalis.be, etc.) ;
  • expertise externe (architecte, entrepreneur, antiquaire, etc.).

Deux méthodes d’identification sont possibles :

Identification par analogie

Cette identification est effectuée en comparant les éléments par analogie avec :

  • les « best-sellers » du marché du réemploi (voir le site opalis.eu) ;
  • des matériaux couramment récupérés (dont quelques exemples sont repris ci-dessous).

Exemples de matériaux couramment réemployés

Exemples de matériaux couramment réemployés © Opalis.eu

Identification avec une grille de critères d’influence

Les éléments peuvent être identifiés avec l’aide d’une grille de critères d’influence positive ou négative :

  • En bon état ? Endommagé ?
  • Lot suffisant ?
  • Taille standard ? Dimensions homogènes ?
  • Rare ? Neuf équivalent ? Patrimonial ?
  • Demande existante ? Prix comparable neuf ?
  • Facile à déconstruire ? À accéder ?
  • Facile à manipuler ? À transporter ? Outils ?
  • Le neuf a-t-il un impact environnemental important ?
  • Substance dangereuse ? Opération risquée ?
  • Informations techniques disponibles ?
  • Obsolescence performancielle ? Culturelle ?
  • Etc.

Quelles informations rassembler et structurer lors de l’inventaire réemploi ?

Niveau de détail adéquat

L'élaboration d'un inventaire réemploi est un processus itératif, commençant par la collecte d'informations générales et se dirigeant vers une description plus détaillée des éléments pertinents. L’inventaire peut être réalisé en plusieurs étapes, en passant d’une première version faible en informations pour finir par des fiches éléments extrêmement détaillées.

Cela est à adapter en fonction de l’ampleur du projet, du potentiel de réemploi et des possibilités pratiques. Un niveau de détail élevé n'est pas toujours nécessaire. Il convient surtout de s’assurer que le niveau de détail fourni permet d’évaluer avec précision le potentiel de réemploi du projet.

Données contextuelles

Quelques données de contexte, relatives au bâtiment inventorié, sont à recueillir :

  • références : nom du projet, date de l’inventaire, dates des visites ;
  • documents d’inventaire : les annexes aux données de base ;
  • demandeur : identité du demandeur de l’inventaire ;
  • auditeur : identité sur l’auditeur du bâtiment ;
  • informations sur le bâtiment : adresse, type, localisation, etc. ;
  • informations sur le propriétaire ;
  • audits ou inventaires préexistants ;
  • planification générales des activités ou des étapes du projet.

Données de base

Les données de base sont composées de :

  • la liste initiale des matériaux réemployables et de leurs principales propriétés ;
  • des informations récoltées au cours d’un premier audit rapide du bâtiment.

Les données doivent rester objectives, concises et factuelles et être exprimées de manière à éviter toute ambiguïté.

Les données de bases sont rassemblées dans un tableau (voir le paragraphe « Outil d’inventorisation »).

Lors de la réalisation d'un inventaire réemploi, il est crucial d'examiner attentivement les matériaux et éléments de construction en tenant compte de divers critères clés. Ces derniers peuvent être ajustés en fonction des besoins spécifiques du projet, en accordant plus ou moins d'importance à certains aspects. Voici un résumé des données de base à intégrer/à considérer pour cet inventaire :

  1. Identification des éléments :
    • attribuer un numéro d'identification, regrouper les éléments similaires et nommer les éléments de manière précise.
  2. Type d’élément :
    • caractériser l'élément en fonction de sa catégorie/de son type/de sa matière ou toute autre catégorie pertinente dans le cadre du projet.
  3. Photo :
    • inclure des photos représentatives pour illustrer clairement l’élément.
  4. Quantité :
    • indiquer la quantité de l’élément présente sur le site, avec les unités appropriées ;
    • déterminer si le lot est suffisant pour justifier sa déconstruction et si sa taille convient aux revendeurs ou aux usages potentiels.
  5. Dimensions :
    • ajouter les dimensions de l’élément pour faciliter la réutilisation spécifique future ;
    • vérifier la standardisation dimensionnelle des produits.
  6. Masse :
    • fournir la masse estimée par unité et la masse totale calculée pour le lot.
  7. Localisation dans le bâtiment :
    • préciser la localisation des éléments pour faciliter l'organisation du processus de récupération.
  8. État / potentiel de réemploi :
    • évaluer l'état général de l'élément en mentionnant les altérations esthétiques et techniques. Noter également s’il est endommagé, en fin de vie, ou nécessite un nettoyage intensif ou une remise en état ;
    • examiner la rareté, la valeur patrimoniale, les qualités esthétiques et la comparaison avec les nouveaux produits équivalents ;
    • évaluer la demande sur le marché, les propriétés techniques, le prix, la valeur d’un matériau alternatif, ainsi que les coûts des travaux nécessaires ;
    • tenir compte de l'évolution des modes de vie, des tendances architecturales ainsi que des standards techniques actuels.
  9. Stratégie de démontage / réemploi :
    • déterminer et préciser la stratégie de réemploi appropriée pour chaque élément, en tenant compte des options telles que le réemploi in situ, la revente, le don, l'échange ou la réutilisation dans d'autres projets ;
    • s'assurer que la déconstruction est techniquement faisable sans altérer la performance et la qualité esthétique des éléments ;
    • prendre en compte la manipulation, le transport, l'entreposage, le traitement et la réinstallation des éléments, ainsi que la nécessité d’entreprise spécialisée ;
    • considérer l'impact environnemental et la possibilité de capturer l'empreinte carbone des éléments existants.
  10. Autres remarques :
    • notez toutes les informations supplémentaires pertinentes pour évaluer le potentiel de réemploi, telles que les caractéristiques spécifiques de l'élément, les réserves particulières ou toute autre observation utile pour les parties prenantes ;
    • identifier les substances dangereuses et les risques potentiels pour la santé et la sécurité ;
    • vérifier si les équipements techniques sont conformes aux exigences de performance actuelles et si les informations sur leurs performances techniques sont disponibles.

Dans tous les cas, selon la taille du projet et la quantité de matériaux réutilisables, il peut être nécessaire d'ajuster certaines de ces informations.

Données complémentaires ou fiche-élément

Des études complémentaires pertinentes pour les matériaux dont on pressent un réemploi au sein du projet peuvent être menées. Elles permettent par exemple de vérifier l’aptitude d’un certain matériau pour un usage donné ou de réaliser certaines mesures ou tests supplémentaires (voir le paragraphe « Études et tests complémentaires »).

Ces données complémentaires peuvent être utiles pour évaluer l’homogénéité des lots, l’impact environnemental, la faisabilité économique…

La fiche-élément est un document détaillé qui décrit avec précision un élément identifié lors d'un inventaire réemploi. Cette fiche peut par exemple servir à apporter des précisions, fournir des indications à des entreprises ou des experts techniques, ou détailler des points précis. Elle peut être adaptée en fonction des besoins et comporte différentes sections pour aborder divers aspects. Voici un résumé de ce qu'une fiche élément doit inclure :

  1. Identification générale :
    • numéro d'élément lié à l'inventaire réemploi pour assurer un suivi et une traçabilité claire.
  2. Description détaillée :
    • informations sur l'élément, telles que la marque, les références, l’état, les performances techniques, la couleur, le poids, les dates de production et d'installation, et la conformité avec les normes en vigueur.
  3. Contexte :
    • description du contexte de l'élément, y compris la localisation, les informations sur le bâtiment et le projet, la faisabilité logistique et la disponibilité.
  4. Assemblage :
    • méthodes d'assemblage, dépendances et risques liés au démontage.
      Pour plus d’information sur le démontage, consulter la page Réversibilité technique.
  5. Bénéfices environnementaux :
    • évaluation des avantages écologiques du réemploi de l'élément.
  6. Substances dangereuses :
    • informations sur les substances dangereuses potentielles et résultats des analyses effectuées.
  7. Documents supplémentaires :
    • documents connexes, tels que des factures, garanties, tests, inventaires, plans, archives, études et registres.
  8. Applications suggérées :
    • suggestions pour le réemploi, préoccupations liées et études complémentaires potentiellement nécessaires.
  9. Autres :
    • informations pertinentes sous forme de clichés, pièces jointes ou indications écrites.
  10. Potentiel de réemploi et conclusion :
    • Conclusion provisoire sur le potentiel de réemploi des matériaux ou éléments, en tenant compte de l’ensemble des points décrit ci-avant.

Outil d’inventorisation

Dans la plupart des cas, l’inventaire prend la forme d’un simple tableur avec les colonnes décrites ci-avant.

Le Guide pour l’identification du potentiel de réemploi des produits de construction comporte un modèle au format Excel.

Dans des projets plus complexes, il est également possible d’intégrer l’inventaire à une modélisation BIM (Building Information Modeling) du projet.

Pour en apprendre plus sur ce processus de travail collaboratif, consultez la Solution | BIM.

Il n’existe pas de manière standardisée de réaliser un inventaire, le plus important reste la facilité de communication avec les intervenants.

Quelles sont les sources d’informations ?

Différentes sources peuvent être consultées pour recueillir les informations nécessaires à l’évaluation du potentiel de réemploi :

Analyse documentaire

Divers documents peuvent être consultés :

Visite de terrain

Les visites de terrain peuvent servir à :

  • confirmer les potentiels :
    • prises d’échantillons ;
    • analyse de la mise en œuvre ;
    • présence de contaminants ;
    • prises de photos : générales, éléments, détails (démontage, couches, dégâts) ;
    • prises de mesures ;
    • estimation des quantités ;
    • notes sur les plans.
  • prioriser les actions de déconstruction.

Études et tests complémentaires

Dans ce processus itératif, des études ou tests complémentaires peuvent être réalisés uniquement pour les matériaux les plus prometteurs. Ils permettent de :

  • vérifier la possibilité d’un démontage préservant ;
  • évaluer le pourcentage de perte à prévoir ;
  • disposer d’échantillons du matériau démonté.

Différentes études complémentaires peuvent être menées :

  • tests de démontage :
    • type de connexion ?
    • facilité d’extraction ?
    • (estimation) taux de perte.
  • composition chimique : substances dangereuses -> PAS de réemploi.
  • études techniques : connaitre les performances techniques (pour répondre à un nouvel usage) :
    • évaluation directe : inspection visuelle ou essais non destructifs effectués sur site ;
    • documentation : consultation de documents techniques, de fiches techniques ;
    • essais : des échantillons des produits peuvent être analysés en laboratoire.
  • études environnementales : à l’aide d’une méthode d'Analyse du Cycle de Vie (surtout pour les opérations de préparation au réemploi VS production neuve).
  • analyses économiques : intérêt économique de l’opération de réemploi ?
  • autres études (par exemple : logistiques).

Qui gère la déconstruction et l’attribution des éléments ?

La déconstruction des éléments réemployables peut être prise en charge par différents acteurs. Les avantages, inconvénients, documents de marchés et éventuels aspects économiques de chaque opérateur sont résumés dans le tableau ci-dessous :

 

Entrepreneur général / Démolisseur

Entreprise de récupération (revendeur)

Attribution directe des lots par le maitre d’ouvrage

Avantages

  • intégré au marché principal (coordination simplifiée) ;
  • attribution des lots simplifiée.
  • marché de services/travaux séparé, dédié à la récupération ;
  • prestataire expérimenté ;
  • permet d’intervenir avant la sélection de l’entrepreneur.
  • procédure plus légère qu’un marché de service.

Inconvénients

  • bonne volonté et expérience de l’entrepreneur ;
  • ne permet pas de profiter de la période avant obtention du permis.
  • passer un marché supplémentaire.
  • demande un investissement important de la part du MO (procédure, supervision…) ;
  • restreint à des matériaux dont le démontage est simple.

Documents du marché

  • critères d’attribution : favoriser les entrepreneurs avec motivation et expérience ;
  • si réemploi sur site : clauses détaillées pour démontage, conditionnement et stockage ;
  • si réemploi hors site : obligation de moyen (ou de résultat mais risque + élevé) ;
  • inventaire en annexe du marché.
  • si réemploi sur site : attribuer le marché sur base du prix et de l’expérience ;
  • si réemploi hors site : attribuer le marché sur base de la quantité de matériaux prêts à récupérer.
  • Si MO public : obligation de transparence et de publicité à soit vente publique, soit donation.

Aspects économiques

 
  • si coût démontage = valeur du matériau :
    • démontage gratuit en échange de la propriété du matériau ;
    • achat matériau au prix du démontage.
  • si coût démontage > valeur matériau :
    • démontage payant et propriété du matériau pour le repreneur ;
    • acquisition gratuite pour le repreneur.
 

Quelles sont les destinations pour les éléments récupérés ?

Différentes destinations pour les éléments déconstruits et récupérés sont possibles :

  • sur le site même (ou à flux tendu – de site à site) :
    • dépend des opportunités : coïncidence offre et demande ou demande explicite ;
    • exige des solutions logistiques (stockage temporaire) et bonne coordination ;
    • incertitudes sur les quantités (à innovations) ;
    • quelques économies de réduction des coûts.
  • vers le marché professionnel du réemploi :

    Avantages

    • opérations de préparation au réemploi effectif ;
    • canal prévisible et stable ;
    • offre dynamique (souvent de nouveaux produits) ;

    Inconvénients

    • offre existante de marché limitée ;
    • limité aux produits avec viabilité économique.
    Voir le site opalis.eu.
  • vers les fabricants :
    • récupérer leurs propres produits ;
    • intéressant de sonder leur intérêt ;
    • souvent de grandes quantités et le recyclage est plus courant que le réemploi.
  • via une donation :
    • convient particulièrement aux éléments qui présentent un potentiel de réemploi intéressant, mais dont la valeur économique est faible ;
    • nécessite des modalités spécifiques (par exemple : “ressourcerie” sur site).
  • sur des sites de seconde main :
    • site internet de vente en ligne pour particulier (par exemple : 2ememain.be) ou entreprise (par exemple : werflink.be).

Aller plus loin

Autres publications de Bruxelles Environnement

Bibliographie

Dernière révision le 29/08/2023