Table des matières
Limiter la pollution de l'eau sur les surfaces de ruissellement
Pour ce faire :
Infiltrer l'eau au plus proche de l'endroit où elle est tombée pour éviter qu'elle se charge en polluants lors de son ruissellement ;
Limiter le débit de ruissellement ;
Nettoyer les surfaces de ruissellement sans produits dangereux pour l'environnement ;
En construction neuve ou en rénovation, choisir des matériaux de surfaces écologiques qui ne provoquent pas de risque de pollution par lessivage (voir dossiers Matière ).
Choisir des toitures végétalisées qui ne nécessitent pas d'utilisation d'engrais et de pesticides.
Eviter les rejets de substances polluantes directement dans l'environnement
Lorsque des rejets de substances fortement polluantes sont susceptibles de se produire de manière ponctuelle, une attention particulière sera apportée aux mesures préventives et à la facilitation du contrôle externe.
Les situations catastrophiques doivent être envisagées :
- En cas d'incendie, des substances toxiques sont contenues dans les eaux qui ont permis de l'éteindre.
- En cas d'inondation emportant des matières stockées.
Mesures à prendre pour limiter les risques de pollution accidentelle :
- Prévoir un bassin de rétention étanche, éventuellement planté, avec clapets à l'entrée et à la sortie, pour déceler la pollution, la confiner et y apporter un traitement approprié.
- Installer des sols étanches, incombustibles et résistants à l'action physique et chimique des fluides pour les aires et les locaux de stockage ou de manipulation des matières dangereuses pour l'homme, ou susceptibles de créer une pollution de l'eau ou du sol.
- Isoler ces aires de stockage et de (dé)chargement à l'aide d'un seuil surélevé (ou de tout dispositif équivalent) et les équiper de façon à pouvoir recueillir les eaux de lavage et les matières répandues accidentellement. Les dépôts de substances dangereuses pour les écosystèmes aquatiques devront être réalisés de telle manière à limiter ce risque même au cours d'évènements extrêmes. Les bassins de confinement prévus devront retenir la pollution en cas d'inondation ou d'incendie.
- Stocker les produits incompatibles dans des zones de stockage différentes.
Evaluer le niveau de pollution de l'eau
Le niveau de pollution de l'eau doit être évalué pour apporter le traitement approprié avant rejet dans le milieu naturel.
Exemples de sources de pollution :
- Pollution par des hydrocarbures provenant du ruissellement sur les voiries et sur les places de stationnement
- Pollution par des métaux lourds provenant du ruissellement sur des surfaces métalliques : toitures à forte proportion d'éléments métalliques sans revêtement protecteur, composants d'évacuation des eaux pluviales (chêneau, descente d'eau pluviale, couverture de toiture en zinc patiné, en cuivre, en acier Corten, etc.) ou sur les voiries et les places de stationnement. Proscrire les couvertures de toitures et revêtements à forte proportion d'éléments métalliques sans revêtement protecteur !
- Pollution chimique provenant des aires de déchargement ou de stockage de substances polluantes (alimentaires, agricoles, chimiques, toxiques, ...)
- Pollution par des matières organiques dissoutes et/ou en suspension provenant du ruissellement sur des surfaces plantées, (poussières, feuilles...).
- Pollution atmosphérique particulaire (poussières, pollens...) ou induite par dissolution de gaz de combustion.
Information sur la pollution potentielle en fonction du type de surface de ruissellement
Surface / Types de revêtements | Infiltration ? | Information sur la pollution |
---|---|---|
Toitures vertes (espaces verts) | Approprié | Attention à la pollution de l'eau ( pesticides , engrais , matières organiques dissoutes, impact bactériologique) |
Toitures en matériaux inertes non métalliques (verre, ardoises naturelles...) | Approprié | Même degré de pollution que la pluie elle-même. Accumulation lente de polluants dans les sols (si infiltration) : attention aux produits d'entretien. |
Toitures en matériaux inertes avec une part normale de composés métalliques | Traitement nécessaire | Accumulation rapide de métaux lourds (cuivre, zinc, étain, plomb) dans les sols (si infiltration). Traitement approprié en cas d'infiltration des eaux de ruissellement de surfaces métalliques supérieures à 20 à 50m². |
Toitures à forte proportion d'éléments métalliques sans revêtement protecteur | A éviter | Pollution forte aux métaux lourds (cuivre, zinc, étain, plomb) :
|
Parking privés ou publics à faible rotation (<4 rotations/jour), trottoirs, pistes cyclables, chemins ruraux | Approprié | Faible pollution des sols ou des eaux souterraines pour une utilisation normale . Dégradation possible des polluants organiques (hydrocarbures) dans les couches superficielles des surfaces perméables |
Parking publics à forte rotation de stationnement (4 rotations/jour) et parking > 7-8000 places) | Traitement nécessaire | Pollution importante des sols et des nappes phréatiques ( hydrocarbures / métaux lourds ). Collecte et traitement approprié des eaux de ruissellement. |
Aires de déchargement et de stockage | A éviter | Risques de pollution importants : pertes par égouttement des véhicules. Les polluants émis peuvent contaminer les sols et les eaux souterraines précautions (collecte et traitement approprié des eaux de ruissellement). |
Voiries | Traitement nécessaire | La pollution dépend du trafic (fréquence de passage, type de véhicules...). Accumulation plus importante de polluants ( métaux lourds et hydrocarbures ) au centre de la route par rapport aux accotements. |
Source : EAWAG
Dépolluer l'eau de ruissellement
Le traitement des eaux polluées avant rejet dans le milieu naturel sera fonction du type et de la concentration en polluant, du dispositif de gestion des eaux situé en aval, du risque de pollution accidentelle et du milieu récepteur.
On distingue 3 mécanismes de dépollution rencontrés dans les DGE :
- La décantation : elle permet d'éliminer une bonne partie des matières organiques, hydrocarbures, métaux lourds,....présent dans les eaux de ruissellement.
La filtration, via :
- utilisation du sol naturel. Elle présente l'inconvénient de concentrer la pollution dans les 30–100 premiers centimètres du sol et de transformer celui-ci en un déchet qui devra être traité après utilisation. Elle doit faire l'objet d'une étude approfondie par un bureau d'études spécialisé.
- Utilisation d'un filtre d'adsorption pour les éléments métalliques, préférable car le rendement est meilleur et le volume pollué moindre.
- La phytoremédiation : les dispositifs avec filtration préalable au travers d'une couche d'humus seront préférés. Elle doit également faire l'objet d'une étude approfondie par un bureau d'études spécialisé. Elle peut être utilisée pour traiter des zones de stationnement inférieures à 20 voitures.
Les dispositifs de pré-traitement ci-dessous peuvent être nécessaires, en complément aux dispositifs de gestion de l'eau :
- Les grilles empêchent le passage de corps grossiers, d'objets dans les canalisations et dans les tuyaux de connexion qui risqueraient de les obturer et de perturber le bon fonctionnement des DGE en aval. Elles seront placées à l'amont de tous les dispositifs de gestion de l'eau.
- Les systèmes de décantation (citerne de décantation, décanteur avec filtre coaleseur) permettra d'abattre la charge polluante de l'eau avant de l'injecter dans un dispositif de gestion de l'eau pour en limiter le colmatage et concentrer les sédiments et polluants dans un endroit facile d'accès et d'entretien et non pas de les disperser dans l'entièreté du DGE.
- Les filtres permettent d'éliminer une grande partie des hydrocarbures, des HAP, des métaux lourds (plomb, cuivre, zinc, cadmium,...) et phosphates. Un suivi et un entretien réguliers sont nécessaires pour garantir l'efficacité du traitement.
- Les séparateurs d'hydrocarbures , appareil qui piège les hydrocarbures en suspension dans les eaux usées et dans les eaux de ruissellement. Il ne doit pas être utilisé pour éliminer la pollution chronique. Il n'est à placer que lorsqu'il y a un risque de pollution accidentelle (exemple : stations-services, les grandes aires de stationnement, parkings à forte rotation,...). Un séparateur d'hydrocarbures de classe I de type filtre coalesceur (rejets d'hydrocarbures < 5mg/l) constitue un minimum. Il est indispensable de le faire précéder d'un débourbeur pour éliminer les particules et éléments grossiers se trouvant dans l'eau de ruissellement (terre, sable, graviers et autres déchets).
Pour leur bon fonctionnement, les dispositifs de dépollution doivent être bien dimensionnés et entretenus.
Pour l'infiltration dans des sols présentant une conductivité hydraulique comprise entre 36 mm/h (10-5 m/s) et 36000 mm/h, une étude approfondie tiendra compte du risque de pollution et de la vulnérabilité du site pour s'assurer que l'infiltration est possible sans risque pour l'environnement. Des dispositifs de dépollution devront être mis en œuvre pour contrer une pollution accidentelle.
Enfin, si les eaux de ruissellement sont déversées dans des eaux de surface, les pics de pollution doivent être amortis.
La pollution chronique des eaux de pluie
La décantation est un moyen efficace de lutter contre la pollution chronique des eaux de pluie. Elle sera mise en œuvre, de préférence, avant le passage de l'eau dans les DGE pour en limiter le colmatage et concentrer les sédiments et polluants dans un endroit facile d'accès et d'entretien et non pas de les disperser dans l'entièreté du DGE. Elle peut être réalisée au moyen d'un DGE comme un fossé ou une noue engazonnés, un dispositif de phytoremédiation, un bassin de décantation ou un système de décantation (voir prétraitement).
Noues de rétention et de dépollution des eaux de ruissellement des places de parkings et des voiries (Portland, Oregon)
Tranchée de collecte et dépollution entre places de parking : business parc, Krems (Autriche) et Portland, Oregon (USA)
Source : Margolis et Robinson « Systèmes vivants et paysage ».
Synthèse des mécanismes de dépollution des DGE
Filtration | Phyto-remédiation | ||
---|---|---|---|
✓✓✓ | ✓✓ par le sol si infiltration | ✓✓✓ Efficacité en fonction des complexes substrat/plantes et du temps de séjour de l'eau | |
✓✓ | ✓✓✓ dans la couche drainante | ✓ bon support pour les plantations basses et non ligneuses pour éviter une dégradation | |
Bassins d'infiltration ou de rétention secs à ciel ouvert | ✓✓ décantation effective lors de la mise en charge | ✓✓ par le sol si infiltration | ✓✓ possible si plantés |
Bassins d'infiltration ou de rétention en eau à ciel ouvert | ✓✓✓ | ✓ prévoir un dégrillage amont | ✓ possible avec plantes aquatiques et plantes semi-aquatiques |
Bassins de rétention enterrés ou massifs | ✓✓ décantation effective lors de la mise en charge | ✓ si structures réservoirs ou couche drainante (ou si dégrillage amont) | ⚊ |
⚊ | ✓✓ si crépine et filtre sur avaloir / | ✓✓ possible si toiture plantée intensive | |
✓✓ | ✓✓ dans la structure | ⚊ | |
Surdimensionnement des réseaux | ✓ si décanteur amont | ✓ si dégrillage amont | ⚊ |
✓✓✓ Très efficace | ✓✓ Efficace | ✓ Peu efficace | ⚊ Sans objet |